SEJ – Partenariat social méprisé, plutôt deux fois qu’une ! - 6/2021

SEJ – Partenariat social méprisé, plutôt deux fois qu’une !

La Coordination des syndicats de la fonction publique jurassienne ( CDS ) est pour le moins ébranlée par l’attitude du Gouvernement qui refuse par deux fois de négocier les éventuelles mesures à prendre en matière salariale en 2022, voire au-delà. Pour faire un lien avec l’ordonnance sur la pédagogie spécialisée, l’exécutif jurassien fait preuve d’un autisme inquiétant dans sa volonté de ne pas accorder l’annuité aux employé·es de l’État en 2022. Et pourtant, il est le dernier, ou presque, à vouloir cette mesure. Avant de développer davantage, il faut préciser que ce billet est écrit, délai imposé par la rédaction oblige, le 5 juin 2021.

 

Petit historique concernant cette affaire de refus d’annuité. En décembre 2020, les groupes PDC et PLR déposent chacun une motion visant à supprimer l’automaticité de l’annuité accordée aux employé·es de l’État. Ces deux motions devaient être débattues le
28 avril au Parlement, elles ne le furent que le 26 mai. Ce décalage peut excuser en partie l’insistance gouvernementale, nous y reviendrons.

Le 19 avril à 13 h 30, le Gouvernement a invité la CDS à une rencontre pour échanger quant aux mesures envisagées pour 2022 touchant le personnel. En fait, il n’y en avait qu’une : le Gouvernement souhaitait ne pas octroyer l’annuité en 2022. La séance s’est achevée vers 14 h 45. La CDS a ensuite confirmé sa position par un courriel à 17 h 30. Cette position peut se résumer ainsi : refus d’entrer en matière sur la proposition de ne pas attribuer l’annuité en 2022. Cette mesure est inégalitaire et fait que les efforts à consentir ne le sont pas par les salaires les plus élevés de chaque classe de traitement. Par contre, il y avait entrée en matière sur des négociations en vue de mettre en place une ponction salariale ( pour ne plus parler de contribution de « solidarité » ) touchant l’ensemble des employé·es de l’État, et qui, contrairement à la solution de ne pas attribuer l’annuité, ne s’impose pas automatiquement aux institutions paraétatiques.

Jusqu’au 17 mai, la CDS n’a plus eu le moindre contact avec le Gouvernement. À cette date, tout en assurant adorer le partenariat social, avoir une estime phénoménale pour les membres de la CDS, et respecter l’ensemble des employé·es de l’État, le Gouvernement nous signifiait qu’il n’avait pas l’intention de négocier et qu’il allait proposer au Parlement de ne pas attribuer l’annuité en 2022.

Puis, le 26 mai, le Parlement refusait à une forte majorité les deux motions allant dans ce sens. On pouvait se dire que le Gouvernement avait compris et qu’il allait abandonner son projet pour 2022. Que nenni. Le lendemain, il exigeait du bureau du Parlement qu’il mette à l’ordre du jour de la prochaine séance du législatif, le 30 juin, son message visant à ne pas octroyer l’annuité en 2022 ! L’exécutif n’a pas eu le temps de s’exécuter en 24 heures pour tenir compte d’une double décision du Parlement et renoncer à sa mesure antisociale. Si les délais imposaient l’annonce de cette mesure au Parlement avant les débats du 26 mai, dès le lendemain, il était possible d’abandonner l’idée et d’ouvrir enfin des négociations.

Le 2 juin, en Commission de gestion et des finances ( CGF ), le Gouvernement a tenu à présenter son message prévoyant une mesure ne touchant pas les plus hauts salaires de chaque classe. En effet, quelque 400 employé·es ont atteint l’annuité maximale 25 et ne participeront pas, de fait, à l’effort souhaité par le Gouvernement.

Quelques chiffres donnés lors des débats par le soussigné. Un·e enseignant·e primaire à 100 % en annuité 1 en 2021, avec un salaire de 5'950 francs, ne recevra pas sa première augmentation de 348 francs. Son effort par rapport à son salaire prévu en 2022 est de 5,84 %. Un chef de service en classe 25, annuité 25 en 2021 conservera comme prévu son salaire de 14'578 francs en 2022 et ne fera par conséquent aucun effort salarial.

En passant, en s’intéressant toujours aux enseignant·es primaires, dont la fonction est identique partout en Suisse, avec les mêmes exigences de formation, ce qui permet une comparaison effective des statuts, on constate que selon les statistiques sur les salaires des enseignant·es, depuis 2016, quinze cantons ont amélioré les conditions salariales de leur corps enseignant primaire, dix les ont maintenues au même niveau, un seul, le Jura, a réduit leurs salaires.

Cette réalité de baisse des salaires est valable pour l’ensemble de la fonction publique jurassienne depuis 2017, avec à la clé une économie annuelle de 4 millions. Malgré cette réalité, la CDS comprend que les finances cantonales ne sont pas au mieux et que des efforts doivent être fournis. Mais si le Gouvernement persiste dans sa volonté de préserver les employé·es les mieux payé·es jusqu’au 30 juin, la CDS s’interrogera sérieusement sur le maintien de son offre de négociations si le projet gouvernemental est refusé. L’exécutif aura joué et perdu, au mépris du partenariat social.

Mais peut-être qu’au moment où vous lisez ces lignes, un miracle s’est produit et que le Gouvernement a évolué.

 

 

Rémy Meury, secrétaire général du SEJ

 

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