L’école bernoise est-elle trop chère?

L’école bernoise est-elle trop chère?

Lors de sa dernière session parlementaire, nos édiles ont décidé, une fois de plus, de procéder à des coupes dans le domaine de la formation. Alors que le Gouvernement proposait des réductions dans le secondaire II, la majorité des députés a également ajouté une mesure du second panier (mesures socialement inacceptables selon l’Exécutif) qui concerne l’école obligatoire: l’augmentation des effectifs de classes.

Cette mesure peut sembler anodine, puisque chaque parent ou grand-parent se souviendra d’avoir été assis dans une classe parmi une trentaine d’autres camarades. Or, comme bien souvent, une mesure qui semble relativement légère peut s’avérer désastreuse en vérité. La pratique enseignante a fortement évolué ces dernières années, et particulièrement dans le canton de Berne. Alors que nous avons vécu un enseignement essentiellement frontal, avec le maître sur son estrade qui distille la bonne parole, l’hétérogénéité est aujourd’hui le maître-mot!

Depuis plus de 10 ans, le canton de Berne a choisi d’intégrer le maximum d’élèves dans la classe. Cette idée, saluée par la majorité des enseignants et voulue par le politique, permet de réaliser l’ambition première de l’instruction publique, à savoir amener chaque enfant au maximum de ses possibilités, sans discrimination aucune. Les méthodes ont beaucoup évolué. Les moyens d’enseignement actuels intègrent de manière importante les compétences communicatives. Or, pour pouvoir s’exprimer librement, encore faut-il en avoir la possibilité!

Avec des effectifs importants, le temps à disposition pour chaque élève est singulièrement réduit. L’augmentation des effectifs est supportable dans une classe homogène. Les écoles n’ont d’ailleurs pas attendu les décisions des députés pour adapter de manière intelligente les effectifs de classe. Ainsi nous constatons que globalement les classes prégymnasiales ont souvent des effectifs bien plus grands que les classes générales. En clair, aujourd’hui, avec une moyenne qui s’approche de 19,2 élèves par classe, il existe déjà de nombreuses classes à effectifs élevés. Celles-ci sont évidemment contrebalancées par de nombreuses classes très petites (moins de 8 élèves), souvent situées dans des régions excentrées, géographiquement assez éloignées des centres. La grande majorité de ces classes resteront en l’état. Pour pouvoir répondre aux injonctions du Parlement, ce sont donc essentiellement les classes des centres urbains qui devraient connaître un accroissement considérable. Une mesure d’autant plus discutable que la Direction de l’instruction publique a déjà, de son propre chef, augmenté les effectifs de classe. La taille moyenne des classes est passée de 17,81 élèves en 2008 à 18,48 en 2012. A l’occasion du programme d’allègement 2012, le Conseil exécutif a décidé une nouvelle augmentation de la taille moyenne des classes de 0,7 élève, portant celle-ci à 19,2 élèves.

Cerise sur le gâteau: alors que la dernière mesure n’a pas encore été entièrement réalisée, le Grand Conseil décide d’en rajouter une couche! Pourquoi tant d’acharnement? Pour équilibrer les comptes!... L’application de cette décision pourrait signifier le licenciement de 120 enseignants.

Or, dans la pratique, il est souvent impossible de supprimer un poste. Par contre, comme la plupart des enseignants sont engagés avec des fourchettes, ces derniers verront leur pensum diminuer, donc une perte de salaire nette! Lorsque l’argent vient à manquer, il faut évidemment faire des choix. Si tous les partis déclarent que la formation est une de leurs priorités, regardons de plus près comment cette volonté se traduit dans les faits. L’Office fédéral des statistiques nous y aide: de 1990 à 2010, les dépenses liées à l’instruction publique ont progressé en moyenne suisse de 92,5% (hors investissements). Dans le canton de Lucerne, cette augmentation s’élevait à 115%. Or, dans le canton de Berne, ces mêmes dépenses n’ont augmenté que de 55,1%! Ces chiffres sont connus de nos députés, puisqu’ils figuraient dans une réponse du Gouvernement à une motion du député Bernasconi de Malleray. Malgré toutes ces informations, la majorité préfère diminuer les impôts…

Les parents accepteront-ils que les moyens mis à disposition pour la formation de leurs enfants soient ainsi continuellement sabrés? Le SEJB s’engage à rappeler ces faits chaque fois que cela sera nécessaire.

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