1. Edgar Morin. (2018). Connaissance, ignorance, mystère. Éd. Pluriel.

Plus le temps passe, plus ce chercheur inclassable est classé. Comme sociologue et philosophe. Et plus ses écrits sont présentés comme des testaments, tant scientifiques que poétiques. Edgar Morin, à 98 ans, se présente lui-même comme un «co-constructiviste». Il nous montre dans cet ouvrage comment dans cette réalité complexe qu’il construit dans la collaboration entre le monde extérieur et son esprit, il fait dialoguer la philosophie des sciences avec le mystère. «Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l’inconnu dans le connu, de l’énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d’une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance.» Patrouiller avec lui dans les territoires nouveaux de la connaissance, c’est rencontrer ce trio inséparable: connaissance, ignorance et mystère. Écrivez encore longtemps, Monsieur Morin! (Voir aussi la Pédagothèque, page suivante.)

2. Fabienne Brugère, Guillaume Le Blanc. (2017). La fin de l’hospitalité. L’Europe, terre d’asile? Éd. Champs. Essai.

L’hospitalité: cette vertu fondatrice de notre humanité est-elle en train de disparaitre? La question secoue. Les auteur·e·s, philosophes, professeur·e·s dans deux universités parisiennes, l’empoignent. Ils rappellent que depuis l’Antiquité, l’hospitalité a été l’une des valeurs traditionnelles de l’Europe. Aujourd’hui, pourtant, devant l’arrivée d’exilé·e·s fuyant des conditions de vie insupportables, le continent se mue en forteresse. Associant la réflexion à l’enquête de terrain, les auteur·e·s défendent, pour approcher le problème, le principe d’un «reportage d’idées». Ils le font dans la jungle de Calais et dans de nombreux camps de réfugié·e·s en Europe. Refusant l’idéalisme, comme le cynisme, ils posent ainsi les jalons d’un «réalisme de l’hospitalité»: parce que celle-ci est une épreuve existentielle pour les hôtes comme pour les arrivant·e·s, l’hospitalité ne peut être que collective, donc politique.

3. Stevan Miljevic. (2019). L’école à la croisée des chemins. Essai. Éd. L’Âge d’homme.

L’auteur cherche à dépasser les oppositions entre enseignements traditionnel et progressiste pour démontrer qu’une voie médiane est possible. Sans décrédibiliser qui que ce soit dans cette recherche du meilleur, dit-il. Pourtant, pratiques, théories, et «théories pratiques» sont pointées du doigt, dès qu’elles sont proposées sans avoir été validées scientifiquement. L’auteur en appelle ainsi à «La» science pour améliorer les systèmes éducatifs. Et si possible à des recherches comparatives à grande échelle. Dès lors, ne retenant pas les propositions des sciences de l’éducation ou des pédagogues dont les effets n’ont pas été prouvés rigoureusement, toutes nos références sont mises sur le gril! Mais, s’appuyant sur les recherches prônant l’enseignement explicite venu du Canada, qu’il pratique et juge trop peu connu, l’auteur ne tombe-t-il pas dans le piège du militantisme qu’il voulait combattre?

4. Samuel Charmillot et Georges Felouzis. (2019). Introduction à l’analyse de données quantitatives. Les statistiques descriptives. Éd. Université de Genève. FPSE.

Carnet des sciences de l’éducation. Ce Carnet a pour but d’initier les étudiant·e·s des sciences humaines et sociales aux statistiques descriptives. Rien ne nous empêche de nous y intéresser! Les auteurs abordent les principaux outils pour décrire une variable et pour explorer les relations entre deux variables. Ils montrent comment calculer les mesures statistiques les plus courantes et comment construire différents types de graphiques et tableaux pour résumer les caractéristiques d’un ensemble de données. Ils s’appuient sur les données de l’enquête PISA Suisse de 2012, qu’ils analysent grâce à un logiciel dont ils expliquent les fonctions de base et comment interpréter les tableaux et graphiques qu’il produit. La description des variables ne constituant qu’une première étape de l’analyse de données quantitatives, un second ouvrage suivra celui-ci pour montrer comment les résultats obtenus sur un échantillon sont estimés généralisables.