L’énorme mobilisation des enseignants neuchâtelois (plus de 2000 manifestants le 25 novembre, dont au moins les deux tiers de collègues) n’a finalement pas obtenu le résultat escompté. Le Grand Conseil a adopté le budget 2015 tel qu’il avait été présenté par le Conseil d’Etat, tout au moins pour la partie concernant les mesures salariales.

Si nos jeunes collègues ont toutes les raisons d’être déçus, car privés d’une part importante de leur progression salariale pour 2015 (1)  et, cela a été confirmé par le Conseil d’Etat, pour 2016 (2) , la fonction publique n’aura cependant pas bandé ses muscles pour rien.

«Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge!» (3)

Même si nous n’avons pas obtenu gain de cause, on peut dire que l’automne qui s’achève aura été l’occasion pour les défenseurs des enseignants de poser d’importants jalons. Depuis la conférence de presse du SER et les développements qui ont suivi dans notre canton comme en Romandie, il ne s’est pas passé de semaine sans que la presse évoque les difficultés de notre métier et le manque de reconnaissance (voire de respect) qu’il nous semble mériter. Ce ne sont pas les saillies populistes d’une poignée d’agités du clavier sur Arcinfo qui peuvent endiguer le flux continu d’informations à l’appui de nos revendications. L’essentiel est bel et bien que le clou s’enfonce à force de taper dessus.

Par exemple, personne n’ose plus prendre à la légère les allusions à la pénibilité du métier et, même en cherchant appui sur des secteurs défavorisés du secteur privé, les lanceurs de fléchettes sont contraints de faire profil bas en matière de salaire. Ces éléments positifs sont malheureusement ternis par l’énorme déception ressentie face au déni manifesté par le plus grand parti de gauche de notre canton, majoritaire au gouvernement. C’était une très grande tristesse de voir des gens pour qui nous avions a priori de l’estime détourner le regard, user d’arguments creux ou vaseux (4) pour justifier leur abandon d’un secteur pourtant essentiel du service public. Manifestement, parmi ses élus, certains ne sont pas loin de prendre les enseignants pour des privilégiés. Pour sauver la face, ce parti a déposé au dernier moment un postulat adopté à l’unanimité par le Grand Conseil et assorti de la clause d’urgence; c’est dire s’il y a grand-chose à en attendre!

Ne pas baisser les bras  

Ces lignes sont rédigées au soir même du vote du Grand Conseil. Au moment où nos lecteurs les lisent, le Comité cantonal aura tenu sa dernière séance de l’année. Au cours de cette réunion, il aura dû prendre position quant à la suite du combat. Nos membres ont déjà reçu une lettre d’information décrivant les enjeux essentiels des prochains mois.

La bataille des salaires 2015 a été perdue de justesse, restons mobilisés pour que la nouvelle grille salariale à définir soit celle qui reconnaisse enfin toute la valeur de l’engagement et des compétences attendus des enseignants de notre canton (5) . Il faudra à l’évidence maintenir la pression, confirmer notre détermination pour entamer les négociations dans de bonnes conditions. A ce sujet, il est agréable de saluer l’apport décisif d’informations apportées par nos collègues des autres syndicats d’enseignants romands.

A la veille des fêtes de fin d’année, le Comité cantonal exprime une fois encore sa solidarité aux collègues privés d’une part de leur progression et souhaite à tous une année 2015 porteuse d’espoir.

(1) 20% d’entre eux perdront près de 250 francs par mois et 80% env. 90 francs.

(2) un tiers auront alors perdu près de 340 francs et deux tiers env. 180 francs sur leur salaire mensuel.

(3) citation attribuée à Voltaire.

(4) «c’est aux partenaires sociaux de s’entendre», alors que tout le monde sait qu’il n’y a pas eu de négociation; «si le budget n’est pas accepté, des mesures pires seront prises»...

(5) voir le communiqué de presse du 4 décembre sur le site.