Une caisse de remplacement aux soins intensifs

Une caisse de remplacement aux soins intensifs

Célèbre loin à la ronde pour son mode de financement inique*, la situation de la Caisse de remplacement du personnel des établissements d’enseignement public offre la possibilité de prendre un instantané de la santé du corps enseignant neuchâtelois... et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est plutôt préoccupant en ce moment.

Le Comité de la caisse de remplacement s’est réuni le 20 novembre, la séance prévue le 6 mai ayant été annulée par Philippe Gnaegi à la suite de sa non-réélection. Le report de la rencontre a au moins permis de prendre conscience de l’évolution fulgurante des cas de maladie au sein du corps enseignant neuchâtelois. Alors que les comptes des années 2011 et 2012 s’étaient soldés par des déficits de l’ordre de Fr. 250’000.– chaque fois, il est d’ores et déjà acquis que l’excédent de charges sera triplé en 2013, engloutissant le solde de la réserve. Tant que la justice n’aura pas dénoncé le système actuel et contraint les employeurs à prendre en charge intégralement les coûts des remplacements, la conséquence de l’évolution spectaculaire des cas de maladie est une hausse du taux de cotisation, qui passera au total à 1,68% en 2014, dont 0,56% à la charge des enseignants.

Un corps enseignant mal en point

La forte progression des cas de maladie parmi le corps enseignant doit d’autant plus nous inquiéter que sa population est en baisse2. Sur le graphique ci-contre (qui ne prend pas 2013 en compte), on observe que les cas de toutes les durées d’absence sont à la hausse. Le Comité de la caisse de remplacement a décidé de procéder à une enquête pour être en mesure de comprendre le phénomène. Dans la situation actuelle, la caisse a connaissance des certificats médicaux d’arrêt de travail, mais n’en connaît pas la justification. Sans anticiper sur les conclusions de l’enquête à venir, on peut formuler quelques hypothèses. Le premier élément tient au vieillissement du corps enseignant, dont une part importante approche de l’âge de la retraite (qui ne se souvient de la pyramide des âges brandie par M. Marguet en diverses occasions?). La baisse du nombre d’assurés, alors que le nombre de classes reste à peu près constant, semble indiquer qu’une bonne part des enseignant-e-s engagé-e-s à temps partiel a accru son taux de travail et est donc plus exposée qu’auparavant à l’épuisement professionnel. A ce contexte général assez évident, il faut évidemment ajouter la dégradation permanente des conditions de travail: effectifs plus lourds (arrêtons une bonne fois de parler de moyennes), multiplication des cas d’intégration d’élèves à besoins éducatifs particuliers (avec les réseaux qui l’accompagnent souvent), accroissement des exigences administratives, répartition toujours plus fréquente des élèves dans des classes multidegrés, attentes des parents d’élèves qui oublient parfois que l’enseignant-e a tout un groupe à gérer et qu’il n’est pas au service exclusif de leur enfant, etc. La difficulté qu’ont les directions de centre à proposer des remplaçant-e-s compétent-e-s incite aussi trop souvent les enseignant-e-s à poursuivre leur tâche malgré les difficultés qui imposeraient une pause, cela souvent au prix d’une casse très douloureuse quelque temps plus tard.

Agir sans délai

L’électrochoc causé par les perspectives très sombres pour la caisse de remplacement en 2013 doit amener les autorités à se préoccuper dès aujourd’hui des conditions de travail et du statut des enseignant-e-s de notre canton. Si, comme c’est devenu une habitude, on attend les conclusions d’un groupe de travail créé à l’issue de l’enquête prévue, on aura laissé un nombre toujours croissant de femmes et d’hommes atteindre le point de rupture aux conséquences infiniment plus graves que les coûts engendrés par les nécessaires adaptations du système. Et le plus beau métier du monde ne fera bientôt plus rêver les jeunes gens de notre coin de pays!

 

*Les enseignant-e-s neuchâtelois-e-s doivent être les seul-e-s du pays dont l’employeur n’assume pas intégralement les coûts du remplacement en cas de maladie; le tiers des frais leur est facturé sous forme de cotisation (0,5% actuellement, 0,56% en 2014). 2 Le nombre d’assurés a reculé de près de 10% depuis 2009.

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