Un conflit social en vue?

Un conflit social en vue?

Le Gouvernement a annoncé aux employé-e-s de l’Etat, en date du 2 juillet, qu’en raison d’un retard pris par la «table ronde», les décisions relatives aux économies recherchées à travers le projet OPTI-MA ne seraient communiquées aux employé-e-s «qu’après la rentrée d’août». Les premières mesures devant être intégrées dans le budget 2015, c’est-à-dire en… août, selon les pratiques usuelles pour cet exercice, la CDS a immédiatement réagi en écrivant au Gouvernement le 4 juillet.

Dans son courrier, le comité de la Coordination des syndicats de la fonction publique jurassienne (CDS) insiste sur la compétence du Gouvernement à proposer des économies réalisables à travers le projet OPTI-MA. La CDS précise aussi qu’elle ne reconnaît aucune légitimité à la «table ronde», qui n’est peut-être pas encore une loge secrète, mais qui ne peut être considérée au mieux que comme une amicale autoproclamée de réflexion. Les propos peuvent paraître agressifs, mais ils trouvent leur origine dans la réalité du processus engagé avec OPTI-MA. Ce projet a été lancé par le Gouvernement. Pour aller vite, seuls les cadres de l’administration ont été entendus pour proposer des économies à réaliser. Ni les employé-e-s, ni les syndicats, n’ont à aucun moment été associé-e-s à la démarche.

La «table ronde» s’est ensuite constituée, non sans mal. Au début, l’idée a essuyé les railleries de quelques partis. Puis, des conditions de fonctionnement ont été posées et acceptées par six partis jurassiens sur les sept représentés au Parlement. C’est alors que le Gouvernement a accordé du crédit à cette «table ronde». Pourtant, il a les outils pour s’appuyer sur des organes légitimés et démocratiques. Par exemple, le Parlement possède une importante Commission de gestion et des finances (CGF) dans laquelle tous les groupes politiques sont représentés. Cette commission assure les relais avec les groupes parlementaires sur les projets gouvernementaux, assurant ainsi un fonctionnement démocratique de nos institutions.

Le choix d’échanger avec la «table ronde» pose le principe inverse. On reconnaît comme interlocuteur- trice-s privilégié-e-s des représentant-e-s choisi-e-s par les partis et non par la population, comme ce serait le cas pour la CGF. Puis on leur impose le secret absolu quant aux délibérations à l’interne de l’amicale. Evidemment, la population, le personnel et les syndicats sont tenus éloignés de cette réflexion.

Il n’y a pas si longtemps, on a entendu des opposants au salaire minimum vanter les vertus des Conventions collectives de travail (CTT) et du partenariat social pour faire mieux avancer les choses. Aujourd’hui, les mêmes ne semblent pas être troublés par le fait que dans ce projet OPTI-MA, où des suppressions de postes seront opérées, c’est certain, le personnel de l’Etat est moins respecté que dans n’importe quelle entreprise conventionnée qui doit envisager une restructuration. Pourtant, la consultation des partenaires sociaux est inscrite dans la Loi sur le personnel, issue d’ailleurs d’une saine collaboration entre l’Etat et les syndicats. Face à ce mépris, la CDS se devait de réagir, ne serait-ce d’ailleurs que pour donner suite aux manifestations de colère de plus en plus fréquentes et nombreuses de membres des associations qui la composent.

Dans sa lettre au Gouvernement, la CDS rappelle quelques exemples de réussites à attribuer au partenariat social. En 2008, des solutions négociées et acceptables pour les employé-e-s ont été trouvées pour réaliser les économies attendues dans le programme des 51 mesures prévues. Avec la fin programmée des travaux de la Transjurane, la Section d’archéologie et paléontologie doit se séparer progressivement de collaborateur-trice-s. Un accord a été passé entre le Département concerné et la CDS pour gérer les suppressions de postes devant survenir. Les révisions successives de la Loi sur la CPJU (1)  n’ont pas entraîné d’opposition ferme et inflexible des syndicats. Pourtant, ces deux révisions récentes ont impliqué que le départ en retraite, pour la grande majorité, ne pourra plus être envisagé dès 58 ans, mais plutôt dès 63 ans, avec une rente moindre due au passage à la primauté de cotisations et à la suppression du pont AVS.

Les membres du personnel ont grincé des dents mais admis que cet assainissement de la Caisse de pensions s’imposait. Aussi peu de temps après, ne pas les convier à la table de réflexion sur les économies qui les toucheront, est purement et simplement inacceptable.

Au tout début du processus d’OPTI-MA, les syndicats ont signalé que le responsable externe du projet était la même personne qui avait développé le mouvement social le plus important dans la fonction publique romande contre son projet «Orchidée» dans le canton de Vaud, voici quelques années. Le Gouvernement serait-il en train de viser le même objectif dans le Jura? Son attitude envers les syndicats ces prochains mois donnera un début de réponse.

 

(1) Caisse de pensions de la République et Canton du Jura  

Les numéros complets de la revue, les dossiers pédagogiques et les articles qui les constituent peuvent être consultés par les abonné·es connecté·es.
Faute d’abonnement, il est possible de les obtenir au format PDF. [Numéro ou Dossier : 11 CHF; Article : 2 CHF.]
Si disponibles, des éditions imprimées des numéros de la revue peuvent être commandées à secretariat@revue-educateur.net.

S'abonner Accéder au numéro complet

SER

Secrétariat

Lundi, mardi, jeudi, de 08h00 à 16h30 et mercredi matin Av. de la Gare 40 / CP 416 1920 Martigny 1 Tél : 027 / 723 59 60

ser@le-ser.ch

CONTACTS

Bureau du Comité du SER

David Rey, président Tél : 079 / 371 69 74

d.rey@le-ser.ch

Olivier Solioz, vice-président

o.solioz@le-ser.ch

Pierre-Alain Porret, SG nommé

p-a.porret@le-ser.ch

Administration

Véronique Jacquier Darbellay

v.jacquier@le-ser.ch

Educateur

Secrétariat

Lundi, mardi, jeudi, de 08h00 à 16h30 et mercredi matin Av. de la Gare 40 / CP 416 1920 Martigny 1 Tél : 027 / 723 58 80

secretariat@revue-educateur.net

Rédactrice en chef

Nicole Rohrbach Tél : 078 / 742 26 34

redaction@revue-educateur.net

Prépresse et régie publicitaire

Sylvie Malogorski Défago Tél : 027 / 565 58 43

communication@revue-educateur.net