Un acharnement mal vécu et irréfléchi

Un acharnement mal vécu et irréfléchi

 

Il n’y a plus une seule séance du Parlement jurassien qui se déroule sans que des interventions visant à réduire le nombre d’employés de l’Etat, ou à revoir leur statut, soient déposées. Lors de la dernière séance du comité de la Coordination des syndicats de la fonction publique jurassienne (CDS), tou-te-s les représentant-e-s des syndicats ont fait part d’un ras-le-bol généralisé des employé-e-s qui vivent mal cette situation.

Nous en parlions dans le dernier numéro concernant l’exigence de participation des employé-e-s au financement de la prime APG nouvellement introduite en 2011. Beaucoup ne comprennent pas que l’on se limite à cet aspect de la nouvelle loi sur le personnel. Cette dernière a été établie un peu dans l’esprit d’une convention collective. Des modifications fondamentales, comme la disparition du statut de fonctionnaire, ont été acceptées par les partenaires sociaux. D’autres aspects touchant à leurs conditions de travail ont été maintenus ou améliorés. Un certain équilibre a été trouvé entre partenaires. Il n’est donc pas très correct de mettre systématiquement en évidence ce qui peut apparaître comme des avantages. Ce n’est pas sérieux non plus.

Quel regard porteraient les député-e-s sur une action syndicale qui se limiterait à comparer des conditions de travail existant dans certaines CCT bien meilleures que ce qui se pratique à l’Etat? Quel crédit auraient les syndicats s’ils s’amusaient à comparer avec certaines conditions offertes à ses employé-e-s par la Migros, par exemple? Cette entreprise donne davantage de vacances à son personnel que l’Etat. Elle assure un minimum salarial plus élevé que celui figurant dans l’échelle de traitement cantonale. Elle octroie davantage de jours fériés payés que le Canton. La part de l’employeur pour les primes de la Caisse de pensions est plus importante à la Migros qu’à l’Etat jurassien.

La CDS ne s’appuiera jamais sur ce genre de comparaisons pour revendiquer des améliorations de statut. Elle ne serait pas crédible car on lui rétorquerait, à juste titre, que lorsqu’on veut faire de telles comparaisons, il faut tout comparer. C’est ce que les employé-e-s de l’Etat attendent aussi de ceux qui les ont mis dans leur viseur. Ils apprécieraient que l’on fasse aussi remarquer qu’ils effectuent un travail apprécié des citoyen-ne-s jurassien- ne-s, ce que chaque étude de satisfaction confirme, et prouve, avec des taux de satisfaction élevés. Un excellent travail accompli alors même que, pour la 5e année consécutive (depuis 2008), l’échelle de traitement n’a pas varié d’un centime, résultat de l’acceptation par les partenaires sociaux d’une mesure d’économie en 2007. Des efforts, tant sur le plan de la qualité du travail fourni que sur la baisse du pouvoir d’achat, qu’il faut rappeler. Et d’autres exemples pourraient être évoqués.

Dans les dernières interventions déposées au Parlement, on propose d’une part d’effectuer une analyse des tâches et prestations de l’Etat, d’autre part d’étudier la privatisation de certains services. L’objectif est commun aux deux types d’interventions: réduire le nombre d’employé-e-s de l’Etat. Dans les deux cas, des prestations fournies par les services publics seraient abandonnées et, inévitablement, reprises par le secteur privé. Dans les études proposées, si elles sont acceptées, il ne faudra pas se limiter à évaluer les économies directes réalisables. Il faudra aussi tenir compte des dépenses nouvelles pour l’Etat qui, pour certaines prestations dont il aura encore besoin, devra payer des mandats externes à l’administration. Pour la privatisation de certains services, il s’agira aussi d’évaluer les conséquences financières pour le contribuable qui, s’il verra peut-être baisser ses contributions directes à travers l’impôt, devra sans doute s’acquitter, pour obtenir la même prestation, de taxes ou d’émoluments auprès de l’entreprise privée qui l’assumera alors.

Et la baisse d’impôts n’est même pas garantie. Au contraire. Voyez plutôt. Si le Gouvernement applique une suggestion de privatisation faite dans un postulat (n° 313), le contribuable risque d’y perdre grandement. En effet, un groupe propose d’étudier notamment la privatisation de l’office des véhicules. Cet office présente depuis des années des comptes bénéficiaires à hauteur de 27 ou 28 millions. En privatisant ce service, le nombre d’employé-e-s diminuera, mais le déficit de l’Etat explosera. Il pourrait alors envisager d’augmenter les impôts pour équilibrer son budget. Parallèlement, les automobilistes continueront de payer des émoluments pour effectuer les démarches imposées par la loi. Pour le moins, ni l’Etat ni les contribuables ne réaliseront un gain dans l’opération.

Comme quoi, lorsque l’on a une obsession, en l’occurrence réduire le nombre d’employé-e-s de l’Etat, on en oublie parfois de réfléchir.

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