SEJ: Jamais d’efforts ? - 2/2023

SEJ: Jamais d’efforts ?

Lors du débat sur le budget 2023, durant lequel de nombreuses mesures du  Plan équilibre 2022-2026 ont été refusées, certain·es élu·es ont manifesté leur mécontentement en s’en prenant à la fonction publique jurassienne, qui, à leurs yeux, ne fait  jamais d’efforts en faveur des finances délicates de l’État. Comme quoi, la maladie d’Alzheimer a encore de beaux jours devant elle, au Parlement jurassien du moins.

 

Rappelons que la mesure principale qui devait toucher le personnel de l’État consistait en l’octroi d’une semaine de vacances non payée, ayant pour effet une réduction de salaire de 1,92 %. Hormis les stratèges ayant eu cette lumineuse idée, peu de personnes trouvaient l’offre intéressante. Le principal reproche que l’on pouvait faire à cette proposition était que la mesure ne pouvait s’appliquer de manière identique à l’ensemble des employé·es de l’État. Dans l’enseignement, si aucune décision concernant le contenu des programmes à enseigner n’était prise, ce qui était le cas, la mesure se traduisait purement et simplement par une ponction salariale de 1,92 %, sans compensation donc.

Dans l’administration, cela ne pouvait non plus s’appliquer de manière identique à l’ensemble des employé·es. Les heures supplémentaires accumulées par certain·es, indiquaient clairement que le risque de voir ces personnes travailler gratuitement 40 heures de plus par année était réel. Ce qui ne pouvait être acceptable. Une alternative a été proposée en introduisant des rubriques non définies, mais négatives sur la masse salariale. Le Gouvernement s’y est opposé en indiquant que ce n’était pas légal. Ainsi, la recherche d’économies sur la masse salariale n’a pu s’appliquer. Cette réalité a amené un·e élu·e, dont je tairai le nom, à monter à la tribune pour déclarer ceci : « Pourquoi dans ce Canton, et plus encore dans ce Parlement, ne peut-on jamais toucher ni aux fonctionnaires ni aux écoles ? » C’est ce cri du cœur insensé qui mérite d’être corrigé.

D’abord, il faut rappeler que depuis 2011, le statut de fonctionnaire n’existe plus. Une nouvelle Loi sur le personnel est entrée en vigueur qui concerne conjointement les employé·es de l’État travaillant dans l’administration et dans l’enseignement. Mais au-delà de cette méconnaissance légale, il faut casser cette rumeur véhiculée par une telle déclaration assurant que les employé·es de l’État ne font jamais d’efforts en faveur des finances de leur employeur. Dans le budget même de 2023, une économie de 5,3 millions est réalisée de fait. Si le message du Gouvernement donne ce montant comme cout dû à la compensation du renchérissement à hauteur de 2,08 %, il ne précise pas que la pleine compensation du renchérissement aurait dû atteindre le double, 4,16 % donc. Cet écart important provient d’autres mesures d’économies décidées par le passé.

En 2017, suite à une Convention signée entre le Gouvernement et la Coordination des syndicats ( CDS ), l’échelle des traitements a été réduite de 1,5 %, rapportant ainsi
4 millions par année. La Convention prévoyait que cette réduction devait être effacée jusqu’en 2020, ce qui ne fut jamais le cas. Parallèlement, et jusqu’en 2022, la compensation du renchérissement n’a jamais été accordée. Ce sont d’ailleurs ces mesures répétées qui font que les salaires des enseignant·es primaires, par exemple, comparables car les diplômes font l’objet d’une reconnaissance fédérale, ont baissé dans le Jura entre 2016 et 2022, alors qu’ils ont augmenté dans quinze autres cantons et ont été maintenus dans les dix restants. Des constats similaires peuvent être faits pour les autres niveaux d’enseignement.

Si l’on continue de remonter le temps, un évènement que peu de monde connait, ou ne veut connaitre, est le fait qu’au moment de la mise en place de la nouvelle évaluation des fonctions, il est apparu que le cout global de l’opération était trop élevé de quelque 2 millions. C’est alors que l’évaluation de la fonction d’enseignant·e primaire a été révisée. Elle est ainsi passée de la classe 14 à la classe 13, 13,97 devrais-je dire. Cette révision s’est faite en accord avec le SEJ qui ne voulait pas bloquer l’entier de la procédure d’évaluation. Aujourd’hui, avec notamment l’entrée en vigueur des cahiers des charges pour l’école obligatoire, il serait aisé de revendiquer une révision de cette évaluation avec à la clé, c’est garanti, un passage en classe 14. Soucieux de ne pas mettre en péril les finances cantonales, le SEJ, lors de sa dernière assemblée générale, a une nouvelle fois décidé de ne pas se lancer dans une telle démarche.   

On pourrait encore rappeler qu’en 2014, le sinistre programme OPTIMA a supprimé, ou devait supprimer environ 90 emplois dans la fonction publique jurassienne. Rien que par des regroupements scolaires, ce sont
23 postes d’enseignant·es qui ont été supprimés. Environ 9 autres l’ont été par une application plus drastique de la mesure de suppression de l’allègement pour raison d’âge dès 50 ans. Cette idée était déjà dans le paquet de 51 mesures de 2008, pour laquelle le SEJ avait développé une alternative mettant l’accent sur la prise effective de l’allègement.

On pourrait encore, en ces temps de satisfactions bancaires, rappeler que lors du sauvetage de la BCJ par l’État, les fonctionnaires ( on les appelait ainsi alors ) et les enseignant·es avaient participé à l’opération en étant soumis·es à une contribution appelée de solidarité.

Et les efforts ne sont pas finis. La CDS en 2021 et en 2022 a fait des propositions touchant les salaires, mais non retenues par le Gouvernement. Pour 2024, elle entre en matière sur une nouvelle ponction.

On le voit, la fonction publique jurassienne ne fait jamais d’efforts. 

 

Rémy Meury, secrétaire général du SEJ

 

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