Salaires et retraites: dis, papa, c’est loin l’Amérique? Tais-toi et nage!

Salaires et retraites: dis, papa, c’est loin l’Amérique? Tais-toi et nage!

 

Après le plat de résistance, nous voici au dessert! Vous avez bien compris, pour les uns, un salaire de départ dans la moyenne suisse est suffisant – même si après 10 ans nous sommes bons derniers! – et pour les autres, le salaire au mérite permettra de régler le problème – quand bien même le système ne fonctionne pas depuis 10 ans aussi! Qu’à cela ne tienne, après une carrière professionnelle au service du canton, vous aurez tout loisir de profiter des largesses bernoises en remerciement pour service rendu.

Qui pourrait résister devant tant de bienveillance? Il n’y a pas si longtemps, le fait d’être un employé de la fonction publique ne vous garantissait pas le salaire le plus élevé, mais vous étiez au moins assuré de bénéficier d’une retraite solide. Malheureusement, ici aussi les chantres du libéralisme ont fait le ménage, puisque le service public est devenu une prestation publique. C’est bien connu, pour qu’un organisme public fonctionne bien, il suffit d’y appliquer les principes de la libre entreprise, et tout ira mieux! Si cette maxime peut s’avérer adéquate pour nombre de problèmes, d’autres ne supportent pas la comparaison, telles les caisses de retraite publiques.

En effet, lorsque les chambres fédérales ont décidé que les caisses de retraite devaient être capitalisées à 100% au minimum, elles pensaient certainement assurer les vieux jours des nombreux employés du secteur privé. Le problème, c’est lorsqu’on applique le même principe aux caisses publiques. Si une entreprise peut disparaître du jour au lendemain, les prestations publiques continueront toujours d’exister. Il y aura toujours des enfants à scolariser, il faudra donc toujours des enseignants pour faire ce travail. Avoir constamment la totalité de l’argent promis aux assurés n’est donc pas nécessaire, en termes de risques, puisqu’il y aura toujours de jeunes collègues pour cotiser. Les seuls à profiter de cette situation seront les marchés financiers, puisqu’ils auront l’assurance de bénéficier d’une montagne de milliards à investir judicieusement.

Or donc, en 2000, le canton décide de recapitaliser les caisses, afin de «laisser faire le marché» et de ne plus avoir à fournir une garantie étatique. Selon les partis bourgeois, le canton aurait donc déjà délié les cordons de sa bourse à hauteur de 1,5 milliard. Si le montant est exact, la nature des fonds est tout autre! Contrairement à ce qu’affirment l’UDC et le PLR dans leurs prises de position, le canton n’a fait que rembourser sa dette auprès des caisses (cf. rapport de la CEP de 2004). Dans les années 90, le canton avait revalorisé les salaires. Mais, pendant cette même période, il n’a pas payé sa part d’employeur. La raison est bassement mercantile. A cette époque, les taux d’intérêts sur le marché étaient très élevés. Il était donc beaucoup plus rentable de faire de la dette auprès des caisses de pension cantonales, où le taux n’était que de 4,5% (le taux technique à ce moment-là). En 2000, ces mêmes taux sont descendus à un tel point qu’il était, pour le canton, plus judicieux d’emprunter sur le marché. Le canton a donc simplement réalisé une bonne opération comptable, une fois de plus sur le dos des enseignants. Il est donc faux de prétendre que le canton a dépensé de l’argent pour ses employés et enseignants, c’est un mensonge!

Le drame, c’est que les organes responsables de la caisse (pour mémoire le canton y est représenté à 50%) étaient – selon les dires de la CEP de 2004 – parfaitement incompétents. Ainsi donc, les collègues de la Caisse de pension bernoise (CPB) ont été recapitalisés à 100% avec des réserves… mais pas la Caisse d’assurance du corps enseignant bernois (CACEB). Résultat des courses: les enseignants ont déjà été floués de près de 250 millions! Autre problème crucial: les conditions promises aux retraités par la CACEB ne correspondaient pas aux rendements réalisables. Pour obtenir plus, la stratégie de placement est devenue plus risquée avec une plus grande exposition au marché des actions. Or, en 2000, patatras, nous assistons à un effondrement de la bourse! Conséquence immédiate, le taux de couverture chute en 5 ans à moins de 80%! Dès lors, le Grand Conseil adopte une nouvelle loi CACEB en 2004 pour remettre la caisse sur les rails.

Les enseignants contribueront plus que largement au redressement de la caisse, avec une augmentation de la durée d’assurance (de 38 à 40 ans), l’élévation de l’âge légal (65 ans au lieu de 63 ans), la hausse des cotisations ordinaires et des cotisations d’assainissement. Etant coresponsables de cette débâcle avec le canton, les enseignants ont accepté, sans broncher, ces nouvelles dispositions. Entre-temps, les organes et les stratégies ont été redéfinis. Malheureusement, le contexte financier n’a cessé de se détériorer. Les anciennes prévisions – crise boursière environ tous les 15 ans – se sont avérées obsolètes, puisque depuis 2000 ce sont trois crises boursières ou financières qui se sont succédé. Sans être un grand économiste – ceux-ci n’avaient d’ailleurs pas prévu les crises –, on ne pouvait s’attendre qu’à un tassement très fort sur le marché des capitaux. Ainsi, malgré la grande compétence des organes actuels – la CACEB est une des caisses qui réalise le meilleur rendement de toutes ces dernières années –, les bénéfices sont insuffisants pour couvrir toutes les promesses.

C’est dans ce contexte qu’intervient l’obligation fédérale d’assainir les caisses de pensions publiques. Que nous propose la nouvelle loi et quelles sont les intentions des partis bourgeois? Lisez-moi dans le prochain numéro!

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