SAEN: Chères et ( trop ) chers fonctionnaires ... - 2/2022

SAEN: Chères et ( trop ) chers fonctionnaires ...

Victoire ! Une injustice criante va être gommée de la loi neuchâteloise ! Les futures mamans qui, pour des raisons de santé, doivent se mettre en arrêt de travail avant l’accouchement, ne se verront plus privées d’une partie de leurs quatre mois de congé maternité. Ouf ! ...et un immense merci à l’ensemble des partis et organisations progressistes, soutenus par les syndicats, qui ont réussi à convaincre le centre du Grand Conseil de faire pencher la balance du bon côté.

 

Mais une fois de plus, dès qu’il est question de ( petits ) sous, il est difficile de rester calme, surtout lorsque c’est de la fonction publique qu’il s’agit. Les vieux clichés ont décidément la vie dure, les émotions montent et les dérapages sont garantis. Ainsi, au lieu de discuter sérieusement de la question posée, les partis de droite ont immédiatement réagi en déplaçant le débat. Vous désirez améliorer le sort de quelques collègues ? Alors punissons toutes les femmes et toutes les familles en diminuant la durée du congé maternité, puisque notre canton accorde plus que le minimum légal fédéral de quatorze semaines.

On a même eu droit à une analyse d’anthologie, livrée tout à trac sur RTS par Fabio Bongiovanni ( FB ), président du PLR, lors de l’émission Forum du 21 janvier 1 :

Question : « Est-il juste que les fonctionnaires bénéficient d’un congé maternité plus long que la moyenne ( qui est de seize semaines ) ou que le minimum légal (quatorze semaines payées à 80 % ) ? La tendance dans les entreprises privées et publiques est à un rallongement. Les études montrent que ceci est bon pour l’économie, à terme. »

Réponse de FB : « Pourquoi Julie, qui vient d’obtenir son CFC de coiffeuse, qui a son premier emploi, qui gagne 3’800 francs par mois, qui a quatre semaines de vacances par année, qui a, en cas de maternité, quatorze semaines de congé maternité, qui est payée à 80 %, pourquoi Julie, lorsqu’elle paie des impôts, doit financer un congé maternité de 17,4 semaines payées à 100 % à une fonctionnaire ? Aujourd’hui, je n’ai pas les justifications qui me permettent d’expliquer cela à cette coiffeuse de 21 ans. »

Ainsi donc, lorsque l’on parle des conditions de traitement de nos ( bien trop chères et chers ) fonctionnaires, on porte immédiatement la comparaison sur les catégories professionnelles les moins bien traitées de notre société. L’argument tient-il la route ? Et si Julie était plutôt chercheuse dans une entreprise technologique ? Son salaire et son congé maternité seraient bien meilleurs, sans nul doute. Seule consolation pour Julie-coiffeuse : elle paiera bien moins d’impôts que Julie-chercheuse, et ne financera donc pas le congé maternité d’une fonctionnaire.

Démolissons les clichés éculés !

Non, les fonctionnaires et les enseignant·es ne sont pas des privilégié·es. Les salaires accordés à Neuchâtel sont parmi les plus bas de Suisse, c’est une réalité et une injustice que nous devrons corriger.

Non, les fonctionnaires et ( surtout ) les enseignant·es n’ont pas trop de vacances. Pour toutes et tous, la charge de travail n’a cessé d’augmenter ces dernières années, et l’augmentation des cas de fatigue et d’épuisement en atteste malheureusement.

Non, la durée du congé maternité n’est pas trop longue chez nous. Tous les pays qui accordent de véritables congés parentaux dignes de ce nom constatent que cela est positif pour les enfants, pour leurs familles, pour la société en général et, in fine, pour l’économie aussi.

Alors, cher Monsieur Bongiovanni, qu’allez-vous donc expliquer à Julie-coiffeuse ? Lui direz-vous que vous trouvez son salaire scandaleusement bas et ses conditions de travail trop difficiles ? Lui assurerez-vous que notre société est suffisamment riche pour que chaque travailleuse·eur reçoive un juste salaire ? Lui ferez-vous la promesse solennelle que votre parti politique se battra pour que dans notre canton, il n’y ait jamais plus de « travailleurs·euses pauvres », qui malgré un emploi à 100 % ne parviennent pas à « joindre les deux bouts » ?

 

Si vous le faites, promis, je voterai pour vous ! 

 

Pierre-Alain Porret, président du SAEN

 

 

1 https://www.rts.ch/play/tv/-/video/-?urn=urn:rts:video:12806611

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