Enseigner pour promouvoir l’équité en science informatique

Si l’introduction d’une nouvelle discipline dans un système éducatif doit indubitablement permettre aux élèves d’atteindre des objectifs d’apprentissages précis, il est également pertinent d’interroger comment ce nouvel enseignement affecte les différents groupes d’élèves et s’il s’inscrit, ou non, dans une perspective d’égalité des chances. Ceci est particulièrement pertinent s’agissant de la science informatique qui, dans l’imaginaire collectif, est associée à des stéréotypes tenaces et est bien souvent dépendante du contexte socioéconomique dans lequel elle s’inscrit. Autrement dit, il s’agit encore pour beaucoup d’une affaire de genre et de moyens financiers. 

Alors, comment vérifier qu’une réforme comme la nôtre ne se retourne pas contre celles et ceux qui sont supposé-es en bénéficier ? Comment faire pour resserrer, voire éliminer, les écarts et assurer un apprentissage optimal pour tous les enfants concernés ? 

Nous avons passé au peigne fin les apprentissages de milliers d’élèves vaudois âgés entre 7 et 11 ans et avons sondé au total plus de 300 enseignant·es afin d’analyser les effets concrets de nos formations.

Afin de vérifier les acquis des élèves, nous avons développé et validé un test avec 3000 élèves de 3-6P afin de mesurer précisément leur niveau ^{1, 2, 3}. À travers 25 questions à choix multiple dans une grille, ils et elles devaient déplacer un poussin jusqu’à une poule en passant par des cases données tout en en évitant d’autres. Cet exercice permet de mesurer la compréhension de concepts de base de la science informatique tels que les séquences, les boucles ou encore les notions de « si-alors » et de « tant que ». Enfin, avec ce test en main, nous avons mené une étude auprès de 1500 élèves de 3-4P entre janvier et juin 2021 ⁴ En parallèle, nous avons également sondés les enseignant-es afin de savoir quels moyens d’apprentissages ils et elles avaient choisi d’appliquer en classe et à quelle fréquence. Les résultats de ces études nous ont fourni un riche panorama permettant d’y voir plus clair sur les différents critères influençant l’apprentissage des élèves. Nous avons ainsi trouvé une tendance générale vers la progression chez tous les élèves.

Cette progression a notamment concerné les élèves qui avaient initialement obtenu les scores les plus bas. Bien que les garçons réussissent mieux que les filles dans l’ensemble, cet écart se réduit avec le temps. Enfin, le fait que leur enseignant·e soit novice ou expérimenté-e n’a pas d’impact sur le taux de progression des élèves. Nous pouvons donc en conclure que non seulement les écarts liés au contexte socioéconomique et au genre sont réduits, nous observons aussi que la formation que nous avons délivrée aux enseignant-e leur permet effectivement d’être à même d’enseigner cette discipline ! 

Et les moyens d’enseignement dans tout cela ? Et bien notre étude nous montre que face à un large éventail d’activités à choix, les outils que les enseignant-es ont utilisés importent peu. En revanche, c’est un autre élément qui semble être directement lié à l’apprentissage des élèves: plus les enseignant-es percevaient la formation de science informatique positivement, plus leurs élèves ont progressé. Ce n’est donc pas ce qui est enseigné, mais bien comment cela est enseigné qui fait pencher la balance. Et la littérature scientifique le confirme, c’est la maitrise que les enseignant-es ont des concepts, leur appropriation des contenus et la fidélité de leur mise en œuvre qui ont un impact direct sur les élèves.

Dans l’ensemble, ces résultats prometteurs montrent que la réforme porte ses fruits et contribue à l’équité. Le message clé est donc de veiller à la qualité de la mise en œuvre des contenus et de soutenir les enseignant·es dans leur formation continue pour maximiser l’impact sur l’apprentissage des élèves.
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter ou à consulter notre site web !

Laila El-Hamamsy