Pour un peu… on remercierait!

Pour un peu… on remercierait!

«Malgré un contexte difficile, le Conseil d’Etat souhaite pouvoir continuer à reconnaître l’engagement de la fonction publique. Il renonce en conséquence à introduire des mesures de blocage ou de diminution salariale. Une progression des traitements liée à l’ancienneté est donc prévue pour les prochaines années.»  «L’effet des adaptations individuelles de traitement sur la masse salariale de l’Etat devra se limiter à un taux de progression annuel de 0,5% afin de correspondre à l’estimation de l’accroissement à moyen terme des revenus de l’Etat.» 

Dans sa lettre aux collaboratrices et collaborateurs de l’Etat, le Conseil d’Etat livre une si éclatante démonstration de l’usage de la langue de bois que bien peu de nos collègues ont perçu la grave menace qu’elle recelait pour celles et ceux qui n’ont pas encore atteint le plafond de leur rémunération (1). Roulé dans la farine avec tant de délicatesse, le bon peuple serait mal venu de protester; au contraire, il devrait apprécier la performance artistique et remercier d’être si élégamment appelé à contribuer au renflouement des caisses de l’Etat.

Retour à la vraie vie  

Elle s’appelle Julianne (2), elle a 28 ans et enseigne depuis six ans à des enfants de 4 à 6 ans. Son conjoint et elle ont prévu de se marier prochainement pour fonder une famille. Ils ont fait appel à une connaissance – un ami de leurs parents – travaillant dans les assurances pour les aider à envisager l’avenir. L’assureur prend en compte les salaires du couple, ainsi que leur évolution; c’est assez hasardeux pour son salaire à lui (avec une probable progression en phase avec l’inflation); par contre, c’est assez facile pour celui de la jeune femme avec la grille de l’Etat. Les nouvelles sont assez rassurantes; s’ils ne pourront pas s’offrir des folies, le budget esquissé devrait permettre à leur famille un développement harmonieux (peutêtre même, avec un peu de chance, dans quelques années, une accession à la propriété). Chouette, sauf que… maintenant que le syndicat a mis en musique la partition du Conseil d’Etat, ça grince sérieusement.

En effet, alors que la jeune femme s’attendait à voir son salaire mensuel (brut (3) s’élever de plus de 420 francs dès janvier prochain, la mesure décidée par le Conseil d’Etat limitera sa hausse à moins de 50 francs. Sur l’année 2015, c’est près de 5000 francs de perdus (techniquement, c’est un manque à gagner… ça change quelque chose pour vous?). Julianne ne renoncera probablement pas à fonder une famille, mais elle se sent victime de décisions prises par des gens qui n’ont qu’une idée purement théorique des montants qui constituent la réalité de son budget.

Une belle jambe  

Le beau discours du Conseil d’Etat n’ouvre hélas aucune perspective favorable pour l’avenir. Il se contente de passer la brosse à reluire: «Nous entendons (relever le défi) avec votre appui et nous profitons de la présente pour vous remercier chaleureusement de l’investissement consenti jour après jour en faveur de l’Etat de Neuchâtel.» Julianne tire toutefois déjà une morale de cette triste histoire: à l’avenir, elle participera aux élections (que certains (4) s’ingéniaient à lui présenter comme des pièges à cons (5). Pour illustrer le propos  Le graphique ci-dessous illustre le manque à gagner imposé par les mesures du Conseil d’Etat pour l’année 2015. D’une part, on remarque que les bas salaires (enseignants de 1H/2H, tout à gauche) sont ceux qui perdent le plus (cherchez la logique!); d’autre part, que le passage en 5e haute-paie (comme en 10e) aboutit à un manque à gagner monstrueux (colonnes jaunes).

Tous à Fontainemelon!  

Le tableau dépeint ici justifie une intense mobilisation du corps enseignant de notre canton. Alors, n’hésitez pas à nous rejoindre le 19 novembre à la Salle de spectacles de Fontainemelon et faites-vous accompagner par vos jeunes collègues (il y a probablement déjà une affiche dans votre salle des maîtres; si ce n’est pas le cas, téléchargez-en une sur le site).

 

(1) Pour les enseignant-e-s, cela se produit après 12 ans (une année et demie à l’échelon 0, puis 10 hautes-paies).

(2) Prénom d’emprunt.

(3) Dans le cas exposé, le salaire mensuel net sera porté à env. 4500 francs au lieu de 4850 francs.

(4) Au fait, y auraient-ils intérêt?

(5) Pardon pour le terme, mais les mesures imposées à nos jeunes collègues sont plus indécentes encore!

 

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