Des films qui ont de la Suisse dans les idées !

Journées de Soleure

Pandémie oblige, la 56e édition des Journées de Soleure s’est tenue en ligne du 21 au 27 janvier dernier pour célébrer la cinématographie helvétique. Le Prix du Public a été remis à Beyto, de Gitta Gsell. Cette fiction entrelace avec élégance et intelligence deux thématiques : l’intolérance face aux amours homosexuelles de deux jeunes hommes, l’un immigré turc, pointure de l’informatique et de la natation, l’autre un prolo du cru ; la difficile émancipation de la jeunesse turque établie en Suisse allemande, face au conservatisme de leurs ainé·es. Autre magnifique film sur les affres de l’exil au féminin, A Media voz (À Voix basse) des Cubaines Heidi Hassan et Patricia Pèrez Fernandez, à la photographie remarquable. Le Prix de Soleure a été attribué à Mare, d’Andrea Staka. Ce délicat portrait de femme avait été souligné dans l’Educateur en juin dernier. D’une pierre deux coups, lors ces Journées de Soleure, les nominé·es au Prix du cinéma suisse 2021 ont été désignés. Pour le Meilleur film de fiction, relevons Petite sœur, le dernier opus du duo féminin romand, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, une fascinante déclaration d’amour au théâtre encensé dans cette même chronique en septembre dernier. Les Cinq nouvelles du cerveau, à la Une de Plein Écran en décembre dernier, sera en lice pour le Meilleur documentaire. Tous les films nominés devraient être projetés du 22 au 28 mars prochains aux cinémas du Grütli à Genève et la cérémonie des prix le vendredi 26 mars, dans les studios de la RTS de la cité du bout du lac Léman.

Tous ces films devraient sortir dans les prochains mois dans les meilleurs cinémas.

Paul Nizon, l’écrivain suisse affranchi

Son refus profond de la vie matérialiste, étriquée et ennuyeuse dans la Suisse des années soixante, l’a conduit à s’exiler à Paris. Ville qui deviendra son destin d’écrivain. Le cinéaste bernois Christoph Kühn, spécialiste reconnu des biopic de personnalités suisses singulières telles Nicolas Bouvier et Bruno Manser, a suivi l’artiste suisse Paul Nizon dans son cadre naturel ou reconstitué, les rues et chambres-alvéoles de Paris, comme pour faire surgir la sève inspiratrice de ses œuvres multiprimées des deux côtés du Jura et du Rhin. Adepte très tôt de l’autofiction, Paul Nizon lit des extraits de ses livres pour ouvrir chaque chapitre de sa vie dans ce film intitulé Le Clou dans la tête. Fellini, Hemingway et Henry Miller inspirent ce romancier radical, chantre de la liberté et de la féminité, mais aussi des pertes et des ruptures. Pour Paul Nizan, l’écriture n’aura cessé d’être la seule réalité tangible car « la vie n’est riche, profonde, prodigieuse, que parce qu’elle passe par le langage ». À l’image de ce film captivant !

Le Clou dans la tête, Christoph Kühn, 2020, Suisse. En ligne sur la plateforme suisse Filmingo.ch

Autres films à découvrir sur le site de la revue avec d’éventuelles invitations selon la réouverture ou non des cinémas.