L’école neuchâteloise entre le marteau Gnaegi et l’enclume UDC

L’école neuchâteloise entre le marteau Gnaegi et l’enclume UDC

Plus que jamais, l’école apparaît comme le bouc émissaire des dérives idéologiques libérales et nationalistes, de la main invisible du marché et de la bête immonde.

Néolibéralisme destructeur

Economiser dans l’école et la formation en affirmant que les entreprises de la région seront à même de développer l’enseignement dual pour compenser les coupes dans l’instruction publique est le message irresponsable délivré par le Conseil d’Etat.Il ressort plus d’une idéologie prônant le moins d’Etat que d’une réflexion pragmatique. Le tissu économique particulier du canton de Neuchâtel explique en grande partie la proportion importante de jeunes fréquentant les écoles du secondaire II.Dommage que le prêt-à-penser de la pensée unique convainque si facilement les esprits peu expérimentés du Conseil d’Etat. Négliger la formation des jeunes équivaut en effet à préparer une sorte de «bombe sociale» à retardement.L’apathie des socialistes sur ce coup-là ne fait que confirmer la contamination idéologique libérale d’une partie d’entre eux. Le chef du département de l’éducation,M. Philippe Gnaegi, peut donc continuer de manier la cognée et d’affaiblir la charpente de l’école neuchâteloise. Tout pendant que ça tient, il donne l’illusion de maîtriser son sujet; quand l’édifice scolaire s’effondrera, il apparaîtra comme totalement dépassé, mais il ne sera peut-être même plus là pour rendre des comptes…

Pauvre école neuchâteloise placée dans de bien mauvaises mains!  

A l’école du racisme

Piqûre de rappel cet été dans toutes les boîtes aux lettres des ménages helvétiques: l’UDC a tenu à répéter qu’elle était un parti raciste en insistant sur le fait que le bien-être, la sécurité et la prospérité de notre patrie étaient menacés par la présence de trop nombreux étrangers en Suisse qui par nature constituent un danger pour les bons citoyens suisses.

Pour l’UDC, un bon étranger n’en est plus un: il s’est totalement assimilé, reniant au passage les valeurs de sa culture originelle.Cette pensée raciste est appliquée à l’école dont le problème majeur serait les proportions trop fortes d’élèves étrangers dans les classes qui péjoreraient les chances des enfants de bons Suisses de bien réussir leur scolarité. Cette vision strictement raciste de la dynamique scolaire est à réfuter avec la plus vive énergie. La réalité reflète davantage des clivages sociaux et culturels que l’école accentue en transmettant des valeurs et des savoirs qui sont ceux de la classe moyenne supérieure de notre société. Les pontes de l’UDC devraient lire ou relire Bourdieu avec attention; ses raisonnements sur la reproduction des élites à travers l’institution scolaire n’ont pas pris une ride. L’école valorise les enfants issus de milieux favorisés, socialement ou culturellement, et enfonce plus souvent qu’à leur tour ceux qui n’ont pas cette chance.

Beaucoup de familles étrangères se trouvent dans cette situation. Elles sont dans l’incapacité d’offrir à leur progéniture de solides compétences sociales et des savoirs culturels à même de constituer un véritable socle d’intégration scolaire.

Mais les familles helvétiques humbles ou dans le besoin sont logées à la même enseigne, peut-être même en pire, car l’envie de bien faire et le désir de s’en sortir et de pousser vers le haut leurs enfants ont parfois disparu.

La réalité scolaire n’est pas UDC-compatible. Mais une bonne part de nos concitoyennes et concitoyens ne le savent pas et se gargarisent de jugements faciles et fallacieux qui les déchargent de leurs responsabilités politiques. La démagogie est bien la pire ennemie des systèmes démocratiques et seule une école républicaine, ouverte et exigeante, peut les en prémunir!  

Néolibéralisme et racisme peuvent faire bon ménage

Le volet économique de la politique de l’UDC est clairement néolibéral, ce qui rapproche les agrariens de la droite libé- rale plus classique, libéraux, radicaux et certains démocrates chrétiens.

Dans notre canton, l’UDC soutient donc sans ambiguïté la politique d’austérité et de coupes budgétaires engagée par le chef du département de l’éducation, par ailleurs chantre de l’alliance électorale droite/UDC.

C’est d’ailleurs vers la droite de l’échiquier politique qu’il devra lorgner pour assurer sa réélection. En effet, les quelques voix de gauche qu’il pourra récolter se limiteront certainement à celles de députés socialistes dont il est apprécié.

Philippe Gnaegi devra donc donner des gages à cette frange importante de l’électorat qui craint les étrangers. Il pourrait annoncer quelques mesures «intégratives» qui se révéleront être «séparatives» pour encadrer de manière différenciée certains élèves étrangers. Il ne serait pas difficile de stigmatiser certains enfants d’origine étrangère plutôt problématiques que l’on peut croiser dans certaines écoles du canton. Avec l’utilisation efficace des médias qu’on lui connaît, c’est sans aucun scrupule, si sa démarche lui semblerait électoralement porteuse, qu’il pourrait être tenté d’aller chercher des soutiens en eau trouble.

Rappelez-vous ses attaques directes contre nous, le corps enseignant, à la fin de l’été 2009. Il n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, cyniquement, sachant pertinemment que livrer les profs à la vindicte populaire allait lui apporter des soutiens.

Comme d’habitude quand je trace des perspectives peu réjouissantes, j’espère du fond du coeur que les choses se passeront autrement, mais c’est malheureusement rarement le cas.

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