L’adolescence de tous les dangers
«Il n’y a plus de jeunesse»: cette exclamation désespérée, sans doute l’a-t-on prononcée à toutes les époques. N’allons pas imaginer que les précédentes générations d’adultes comprenaient mieux leurs adolescents d’enfants, de petits-enfants, d’élèves ou de voisins! Le principal sentiment adolescent n’est-il d’ailleurs pas celui d’être incompris?
Pourtant, si rien ne change vraiment sous le soleil, j’ai peine à croire que parents et enseignants ont toujours été aussi démunis, perdus, dépassés... A l’école, puisque c’est le propos ici, les enfants et adolescents ont de tout temps cherché (et parfois réussi) à franchir la barrière de l’interdit, à faire reculer les limites disciplinaires, à s’imposer face au «pouvoir» adulte. De tout temps, diverses mesures punitives ont sanctionné ces débordements.
Mais aujourd’hui, et quoique les jeunes générations ne soient ni meilleures ni plus mauvaises, le corps enseignant est trop souvent en questionnement angoissé, face à une indiscipline toujours davantage émaillée de risques graves. A l’évidence, le comportement adolescent est de plus en plus synonyme de mise en danger, et de plus en plus le fait de la gent féminine. La fumée nuit à la santé physique? Ils, et surtout elles, sont étonnement nombreux (et de plus en plus jeunes!) à s’en moquer éperdument. Pire: les mises en garde répétées n’empêchent ni les photographies et déballages écrits par trop intimes, ni les accusations gratuites ou autres menaces graves, au gré de réseaux sociaux qui ont tué le journal intime et qui peuvent nuire gravement, eux, à la santé psychique de leurs victimes généralement consentantes. Et l’on ne s’étendra pas sur les activités sexuelles précoces et les nuits blanches qu’elles valent à moult organisateurs de camps divers...
Face à ces problèmes, le corps enseignant ne raisonne plus en simples termes de discipline; comme les parents, il nourrit une inquiétude sincère pour ses élèves et pense avant tout prévention.
Avec les populations concernées, on saluera donc bien bas les initiatives telles que le concours mis sur pied par la Plate-forme prévention d’Erguël (voir en p. 39). La prévention, la prévention de tous les risques, non par la sanction ou la peur, mais par l’expression, le dialogue. Maîtrisant souvent les nouvelles technologies bien mieux que leurs aînés, les adolescents d’aujourd’hui sont également mieux armés, techniquement s’entend, pour en prévenir les dangers. Le rôle de protection exercé par les adultes, parents et enseignants? A moins d’une mise à niveau régulière, il devient de plus en plus difficile à assumer...
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