La Talentothèque - 11/2022

La Talentothèque

Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin

 

Le défi de la participation des élèves à la construction du cadre pour bien vivre ensemble en classe.

 

 

Dans la classe de Céline, les élèves participent activement à la construction des conditions pour que tout le monde puisse apprendre dans les meilleures conditions.  De l’organisation à la gestion du « bien vivre ensemble », par une attention collective aux élèves en difficulté – tout est partagé et discuté, notamment dans le conseil de classe, même par le choix de certains contenus. Céline nous explique comment cela se passe concrètement.

 

Dans ta classe, il y a une chose qui brille pour son absence : je n’ai pas vu de « tableau de comportement », une pratique couramment employée à l’école, où les élèves collectionnent des points pour obtenir des récompenses, individuelles ou collectives. Est-ce un choix ?

Céline : C’est un choix, et même une conviction. Je recherche toujours la justesse – à défaut de pouvoir parler de justice. Il y a chez moi la volonté de me situer dans un cadre de secondarisation des apprentissages. L’école doit faire le lien entre l’extérieur et l’intérieur, et donc dans ce sens, je considère que même les comportements sociaux doivent être secondarisés, c’est-à-dire objet d’analyse et d’apprentissage, en quittant le registre premier pour atteindre le registre second. La classe devient donc une micro-société, dans laquelle je souhaite proscrire la punition – qui est en fait l’inverse de la récompense.

Il est important pour moi que la motivation aux actes de mes élèves soit le plus possible intrinsèque. Pour avoir véritablement envie de réguler ses propres comportements de manière constructive, une récompense ne fera que l’effet d’une « carotte » – sinon, le jour où celle-ci n’aura plus assez de valeur aux yeux de l’élève, il ou elle arrêtera probablement de se comporter comme l’enseignant·e veut.

Alors que si la confiance, la sécurité, l’ambiance pour que toute la classe puisse travailler est coconstruite, et si le sens est au rendez-vous, cela permettra à chaque membre du collectif de se construire cette motivation intrinsèque.

 

Comment fais-tu pour enseigner à tes élèves qu’il y a tout de même des conséquences, positives et négatives, à leurs actes ?

Les comportements des élèves sont, à mon sens, régulés par tout le système : les autres camarades, l’enseignant·e, la direction ou d’autres intervenant·es si besoin. Aussi, je passe beaucoup par la valorisation, non pas par une récompense, mais par des encouragements, surtout en proposant régulièrement des activités qui permettent à la classe de mettre des mots sur nos conquêtes.

 

Comment fais-tu concrètement dans ta classe ?

Tout passe d’abord par le fait de parler avec l’élève, connaitre véritablement son contexte. Mon premier réflexe c’est d’aller à sa rencontre, et d’être toujours à l’affut d’indices pour comprendre comment il ou elle va comme personne. Et je ne suis pas toute seule face à l’élève, il y a l’équipe éducative, le système.

Nous avons également un conseil de classe, qui fait office d’institution. Ce n’est pas le lieu où régler les problèmes d’un·e élève, mais pour qu’on trouve ensemble les meilleures modalités pour mieux travailler ensemble. Les élèves collaborent ainsi à la coconstruction du cadre y compris, en pouvant parfois participer à l’organisation du travail scolaire et au choix des thèmes à aborder dans les différentes disciplines.

 

Cela me fait penser à une citation de Freinet qui dit que la discipline de l’école provient de l’organisation de la vie de la communauté 1 … Est-ce que cela donne de bons résultats à ton sens ?

Je te réponds par une anecdote : récemment, il y avait dans la classe un élève qui n’allait pas bien et dont le comportement était assez explosif. Eh bien, c’est les autres élèves qui ont fait beaucoup de propositions d’aménagement pour aider cet élève à aller mieux, en montrant ainsi qu’il y a une habitude qui s’est installée pour que tout le monde se sente impliqué dans la construction du cadre pour bien vivre ensemble. •

 

Céline Derache & Katja Vanini De Carlo, dessins de Cinzia Giaccardi

1 « La discipline de l’école de demain sera l’expression naturelle et la résultante de l’organisation fonctionnelle de l’activité et de la vie de la communauté scolaire. » Freinet, C. (1969). Pour l’école du peuple. Paris : Maspero. p. 155.

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