Alors que s’installent des standards de formation, on sent grandir chez certains prescripteurs l’envie d’imposer aussi à l’école, à ses acteurs, et en premier lieu aux enseignant-e-s, des modes de faire, d’enseigner qui auraient fait leurs preuves ailleurs. Les best practices ont-elles un avenir à l’école? Qui ne rêve de la meilleure méthode, la plus sûre, celle qui rend efficace, qui mène au succès? Quoi de plus rassurant que de suivre une recette au résultat garanti? Notre dossier du mois rappelle que ce qui fonctionne (généralement) en cuisine marche beaucoup moins bien en classe, et d’abord parce que «l’éducation est rarement un ensemble de gestes techniques». (p. 5) Ainsi, aux enseignant-e-s en formation, on ne peut fournir «que» des «exemples» de bonnes pratiques, exemples qu’il s’agit d’analyser, d’explorer, d’appliquer pour en saisir toute la complexité (p. 8), de transformer selon les conditions du moment pour en faire, peut-être, une «bonne pratique» personnelle. Le génie pédagogique ne se prescrit pas: «Une saine utilisation des meilleures pratiques ne peut être gagnée que par la confrontation et la remise en question.» (p. 12) L’acte d’éduquer – on ne le répétera jamais assez - est soumis à énormément de variables: environnement, hiérarchie, et, avant tout, individualités de l’enseignant-e et de ses élèves… Comment affirmer alors qu’une pratique est la meilleure? Qu’est-ce qu’un bon enseignant? Une compilation de milliers de recherches insiste «sur le fait qu’il n’existe pas de remède miracle en pédagogie et que l’enseignant doit disposer d’un registre étendu de styles pédagogiques en fonction des classes auxquelles il s’adresse» (p. 10). Le Plan d’études romand ne s’y trompe d’ailleurs pas: s’il fixe des objectifs d’apprentissage, il ne dit rien de particulier quant aux méthodes à suivre pour les atteindre. 

Bonne lecture.