Pour ce numéro qui parait trois semaines avant les élections fédérales, parlons un peu de politique. Sujet très sensible à l’égard duquel la très grande majorité des enseignants expriment au mieux une indifférence polie mais profonde, au pire une méfiance aussi viscérale qu’elle est souvent infondée. Quelques collègues sont néanmoins engagé-e-s dans la chose publique, et pas qu’à gauche, quoiqu’en pensent les monomaniaques pourfendeurs de l’école.

L’école et ses enseignants doivent s’occuper de politique. Pas au sens politicien du terme, pour tomber dans un prosélytisme qui contrevient à l’indispensable éthique de notre métier, mais au sens «polis» du concept, la nécessaire connaissance du fonctionnement de la communauté citoyenne. A l’heure où le PER contient tous les objectifs menant à une éducation du futur citoyen, à un apprentissage des règles du vivre ensemble et à la compréhension du fonctionnement de l’Etat et des communes, il est important que les enseignants que nous sommes saisissent toutes les opportunités pour ouvrir les portes de l’école autant que l’esprit de leurs élèves sur l’importance de la politique au sens large, dans nos vies, dans notre travail et dans notre avenir commun, immédiat et à long terme. Mais pour ouvrir les portes et les intelligences, il faut soi-même avoir fait un bout de chemin, et on ne peut que constater les lacunes héritées de la plupart des formations initiales et le chemin qui reste à faire. Nos syndicats eux-mêmes ont connu ces dernières années une belle évolution sur la prise en compte des données politiques dans ce paysage toujours plus intercantonal et national. La troisième Journée suisse de l’éducation, qui s’est tenue le 28 août, en est la preuve, comme elle est aussi le signe que la réciproque n’est pas encore à la hauteur dans le sérail politique. Il reste que l’éducation citoyenne doit aussi être critique. Les objectifs du PER font état de l’importance de l’écoute et du respect de l’autre, de la nécessité de construire ensemble, de conduire des débats respectueux, de renoncer à la violence verbale et psychologique. Une petite analyse de ce que produit cette période préélectorale permettra à l’école et à ses acteurs de trier le bon grain de beaucoup de regrettables dérives, tout en constatant que la réalité de la politique n’est pas aussi belle que les attentes que celle-ci a de l’école.