La complexité ne saurait se réduire à des directives

La complexité ne saurait se réduire à des directives

«Lorsqu’on introduit un contrôle trop serré, avec trop de directives, là apparaissent les erreurs; c’est au sein d’une certaine liberté qu’on trouve la meilleure qualité de la gestion de l’incertitude…»

 

A propos des erreurs médicales et établissant un parallèle avec les accidents d’aviation ou dans des centrales nucléaires, le docteur Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, évoquait dernièrement le fait que la complexité ne peut pas et ne doit pas être régulée par une multitude de prescriptions à suivre à la lettre.*

Belle résonance avec ce qui advient à l’école vaudoise dans laquelle les directives et autres recommandations aux statuts parfois incertains ne cessent de s’accumuler!...

Nous l’avons déjà dit ici, certains enseignants trouvent là de quoi se rassurer; dans la certitude qu’en respectant à la virgule les textes établis par l’employeur, ils puissent ainsi dormir sur leurs deux oreilles, plongeant dans le juste sommeil du travailleur qui a simplement satisfait aux demandes du patron.

Nous craignons que ces collègues ne se trompent. En agissant de la sorte, ils tirent la profession vers le bas, abandonnant la liberté professionnelle au profit d’un taylorisme des plus démotivants. Une association professionnelle digne de ce nom ne saurait leur emboîter le pas ou emboucher leurs déprimantes trompettes.

Aujourd’hui, encore une fois, le comité de la SPV appelle ces collègues à la résistance. En les invitant à se réapproprier le pouvoir et l’envie. L’envie d’avoir envie… Invitation, dans le doute méthodique et le génie ordinaire qui sied à notre profession, à réagir et à faire écran aux contraintes administratives quand celles-ci empêtrent le quotidien et le bon sens. A trier le bon grain de l’ivraie. A retrouver la nécessaire confiance en eux-mêmes, seule susceptible de générer la confiance des partenaires. A défendre la composante humaniste de la profession et la liberté d’action nécessaire à gérer l’incertitude permanente qui habite la classe et les aventures qui s’y déroulent. A privilégier une relation pédagogique libre, innovante, percutante et à tout instant réinventée. Une relation qui ne saurait s’appuyer sur un simple panel de recettes délivrées clés en main, fussent-elles de qualité.

Les directives sont des «tue l’amour» du métier. Elles sclérosent l’action. Armes parfaites des quérulents, elles ouvrent par ailleurs toutes grandes les portes de la «recourite». La profession d’enseignant n’est pas l’addition de textes à suivre à la lettre. C’est une science et un art, dont la conjugaison fait naître les engagements et les actes qui permettent à l’élève de grandir et d’apprendre. Savoir prendre des risques, militer pour la liberté professionnelle et surtout la mettre en œuvre, demande quelque courage. Celui d’abord d’oser affronter le département, voire l’équipe de direction, parfois même les collègues. Au risque de se faire mal considérer. Certes, il pourrait paraître paradoxal d’appeler à désobéir, alors qu’à journée faite il est demandé aux élèves de respecter les règles de l’école.

Mais ne devons-nous pas aussi conduire ceux-ci à prendre de la distance et à réfléchir avant d’agir? Et la meilleure pédagogie n’est-elle pas celle de l’exemple? Alors, dans le respect qui sied aux relations avec la hiérarchie, si tel ordre donné paraît absurde, il convient de le dire. Haut et clair. Et de pouvoir expliquer en quoi la désobéissance peut avoir un meilleur effet que le fait de rester dans les clous. Enfin, si une des passions de la Cheffe du département et de ses services est de produire des lois, des règlements et des déclinaisons sans fin de ceux-ci, il est de notre devoir de rappeler que réguler le monde scolaire avec des injonctions ne produit au final que de la peur et de l’angoisse.

Ce ne sont pas des machines ni des robots qui sont à la tête des classes et en responsabilité des élèves, mais des êtres de chair, d’os et de sang. Des hommes et des femmes libres. Il est plus que temps que les décideurs et les collègues s’en souviennent.

En ligne directe, RTS, La Première, mardi 24 septembre 2013.

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