Et aujourd’hui, quelle est la place du savoir-être?

Et aujourd’hui, quelle est la place du savoir-être?

«Dans ce contexte, l’école qui n’est que le produit de ce modèle de société technicisée, axe son action prioritairement sur l’enseignement des branches intellectuelles, principalement les mathématiques et l’apprentissage des langues. En s’adressant surtout au mental des enfants et des adolescents, elle néglige de développer et d’épanouir la personnalité de chaque individu dans sa globalité physique, psychique et spirituelle.» (1)

Il est rare qu’une réflexion publiée dans la presse vaudoise encourage l’ensemble du Comité cantonal de la SPV à un tel partage. Je vous propose donc ces quelques lignes, sans aucune prétention, qui permettront, je l’espère, de prendre un peu de recul sur notre quotidien professionnel afin de ne pas oublier l’objectif final: le développement global de l’enfant. En effet, et comme l’indique le Syndicat des enseignants romands dans son Livre blanc – Pour un humanisme scolaire  – assurément à lire ou à relire – l’école «doit outiller le futur adulte pour qu’il puisse se développer de manière équilibrée, vivre harmonieusement et collaborer avec les autres, se réaliser socialement». (2)  

Même si le Comité cantonal, à travers ses interventions lors de consultations ou ses réactions suite à la publication de directives parfois aberrantes, se bat tous les jours pour que cette école ne devienne précisément pas «le modèle de société technicisée», force est de constater que l’école tend lentement vers un cadre de plus en plus strict ne laissant aucune place tant à la créativité qu’à l’affect.

A plusieurs reprises, le Comité cantonal de la SPV a rappelé qu’il est quelquefois navrant d’observer que l’âme de ce métier – ô combien noble et impossible – tend à disparaître pour faire place à la fonction d’un agent de l’Etat, simple exécutant. Alors que ce métier devient de plus en plus professionnel dans le cadre de sa formation ou dans les actes quotidiens des enseignant-e-s auprès des élèves, il serait dommageable que les contours de ce professionnalisme ne se réduisent qu’à une pure exécution de tâches définies par des lois, règlements, décisions, directives ou procédures d’établissement.

Ainsi, alors qu’enseignantes et enseignants, directions, associations professionnelles, département et parents réfléchissent et débattent sur une mise en vigueur la plus sereine possible de la Loi sur l’enseignement obligatoire ou de la future Loi sur la pédagogie spécialisée, l’alarmante information divulguée par la Fondation Pro Juventute, annonçant le suicide comme première cause de mortalité chez les jeunes entre 15 et 19 ans, exige une redéfinition des priorités.

La lecture de l’excellente réflexion d’Emanuele Alfani (3)  le rappelle. Le plaidoyer de ce théologien, magnifiquement écrit, doit permettre à chaque professionnelle entourant les enfants – dont le métier d’élève n’est que provisoire – de prendre conscience que l’essentiel ne se situe pas que dans les objectifs déclinés par le Plan d’études romand.

Certes, les objectifs MSN 11, L1 25 ou SHS 32 sont importants, mais paraissent dérisoires pour infléchir les tragiques statistiques relayées par la Fondation Pro Juventute. Car l’enjeu capital n’est pas là, Monsieur Alfani le rappelle avec justesse. «Le meilleur antidote contre la mélancolie de l’homme-objet et son envie de mourir n’est pas le bourrage de crâne mais l’humanisation de l’école et de la société afin de redécouvrir et de déployer avec attention l’unicité, la richesse et la noblesse de chaque élève. Une véritable croissance de l’homme passe par l’enseignement du haut vol, tel l’aigle qui regarde l’infini.»(4)  

Cet enseignement de haut vol, il vous appartient, vous professionnel-e-s que vous êtes, car le savoir-faire ne pourra jamais remplacer le savoir-être.

 

(1) Emanuele Alfani, théologien. Réflexion publiée dans 24Heures du 17 septembre 2014, p. 2.

(2) SER (2011), p. 2. www.le-ser.ch/system/files/documents/LB.pdf

(3) Emanuele Alfani, idem

(4) idem

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