En prenant pour exemple le cas de l’école de Cortébert, le SEJB a tiré la sonnette d’alarme auprès des médias régionaux: les effectifs de classe ne sont pas ce qu’ils devraient et le manque d’enseignants formés est bel et bien réel. Le syndicat pourrait lancer une initiative…

C’est à Cortébert, l’école qui dément plusieurs belles affirmations du canton à la récente rentrée scolaire, que le syndicat avait invité la presse régionale. Laquelle a rendu compte largement de son cri d’alarme.

Trompeuse moyenne

Les moyennes appliquées en matière d’effectifs de classe sont très trompeuses, le SEJB ne cesse de le répéter. Ces moyennes occultent, pour le grand public, les situations catastrophiques de certaines écoles. Ainsi à Cortébert, après la fermeture forcée d’une classe pour raison de moyenne inférieure à la norme, il en reste deux pour tous les niveaux primaires: une classe de vingt-et-un élèves de 3, 4 et 5H, une autre de vingt-trois élèves de 6, 7 et 8H. On imagine le travail, avec trois programmes différents auxquels s’ajoute l’orientation des 8H en vue du secondaire I…

A la prochaine rentrée, avec quarante-quatre élèves annoncés au total, la classe des plus jeunes devrait réunir vingt-trois écoliers elle aussi. Un effectif ingérable, lorsqu’on connaît les différences d’apprentissage entre la 3H et la 5H. Mais un effectif légal, puisque le total de l’école ne permettra pas l’ouverture d’une troisième classe: les fameuses moyennes, encore elles, ne seront pas atteintes!

Lessivées…

En fin d’année scolaire passée, deux enseignants chevronnés ont finalement démissionné, comme on les comprend. Ne parvenant pas à dénicher la ou les perles rares pour diriger sa classe de 6-7-8H, l’école a dû faire appel cet été à des étudiantes de la HEP BEJUNE, deux d’abord, puis trois désormais, qui se partagent le poste. Et qui sont tout simplement lessivées, souligne la directrice de l’établissement, Annelise Cuadros.

Toutes les classes occupées, mais par qui?

Dans son traditionnel communiqué de rentrée scolaire, la DIP affirmait en août que tous les postes avaient été repourvus. Certes, mais comment? Avec des étudiants de troisième année pourtant censés limiter leur activité à des remplacements ou des engagements de quelques périodes? Ou encore avec des personnes non formées? Le canton de Berne, rappelons-le, autorise toujours l’engagement de personnes sans diplôme pédagogique, à tous les niveaux de l’école obligatoire.

Le sondage effectué auprès des directions, par le SEJB, révèle une situation préoccupante: dans les écoles qui ont pris la peine de répondre, 7,7% des personnes engagées ne possèdent pas le titre requis! Ceci sans compter les enseignants primaires officiant au secondaire, ni les enseignants en cours de formation postgrade ou MAES par exemple… Le détail des chiffres révèle par ailleurs qu’il devient très difficile de trouver des enseignants formés en allemand et en mathématiques pour le secondaire I, ainsi que pour l’enseignement spécialisé à tous les niveaux. Et l’on ne parle même pas du parcours de combattant qui attend les directions lorsqu’il s’agit de remplacer un collaborateur…

Deux mille signataires

En trois semaines, la pétition du SEJB, qui demandait rappelons-le une limitation des effectifs par classe à vingt élèves, a séduit quelque deux mille signataires. Rapporté à l’échelle du canton, cela équivaut à plus de 20’000 paraphes. Or il en faut 15’000 seulement pour qu’une initiative soit recevable. Dès lors, à l’heure où cette édition partait à l’impression, le Comité central du SEJB réfléchissait à la possibilité de déposer une initiative cantonale pour la limitation des effectifs de classe. Il avait déjà décidé de prendre langue, dans ce sens, avec le syndicat alémanique LEBE.