Ecole remède de tous les maux?

Ecole remède de tous les maux?

Dans le dernier numéro de Correspondances, lettre d’information électronique officielle du Département, deux ouvrages sont mis en avant. L’un concerne la différence au sens large en partant du regard porté par les autres sur une enfant atteinte d’une maladie dégénérescente. L’autre fait la promotion d’outils de travail en classe pour prévenir le surendettement des jeunes de 18-25 ans. L’école deviendrait-elle de plus en plus le lieu de toutes les préventions?

La problématique des enfants atteints d’une maladie dégénérescente avec une courte espérance de vie est dramatique, surtout pour les familles. Bien sûr que la présence de chaque élève différent dans une classe fait l’objet de discussions sur l’acceptation de la différence et l’intégration dans une vie scolaire ordinaire, en tenant compte du handicap, même si la discussion peut être délicate à mener avec tous les élèves. C’est une certitude, parce qu’aucun enseignant professionnel ne passerait à côté de cet effort afin que l’élève concerné se sente le mieux possible pour atteindre les objectifs comme les autres. Les enseignants n’ont pas besoin d’être incités à parler de la différence, mais ils ont besoin de bénéficier de l’encadrement nécessaire pour intégrer l’élève à besoins spécifiques dans de bonnes conditions.

De nombreux collègues témoignent de situations de classe impossibles à gérer, parce qu’ils manquent d’aide à l’intégration. Un ouvrage de plus, avec des liens internet à consulter? Oui, l’information est importante, mais elle ne saurait suffire. Au-delà des discours bien-pensants et convenus sur les vertus de la différence et les dynamiques positives qu’elle génère, le collègue reste démuni face à la difficulté de la tâche, au risque d’y laisser sa santé. C’est alors tout le monde qui paie la casse: l’élève intégré et sa famille, les élèves de la classe et l’enseignant.

Le problème du surendettement des jeunes est grave. On peut lire sur le site de Pro Juventute: «Le taux de surendettement élevé dans notre pays constitue un problème pour toute la société. C’est pourquoi les enfants devraient apprendre tôt à gérer l’argent de manière compétente.» Ces constats sont étayés par les statistiques, et la prévention doit certainement être faite le plus tôt possible. Mais il faut dénoncer le fait qu’on confie à l’école la charge de résoudre un problème de société, alors que certains acteurs importants de cette société se détournent du problème! La caricature est à peine forcée. Les Chambres fédérales ont refusé d’interdire la publicité pour les microcrédits au nom de la liberté du commerce et des intérêts de l’économie, alors que cette pratique fait des ravages chez les jeunes; et on plaide ensuite pour que l’école fasse de l’éducation à la gestion de l’argent dès 4 ans. C’est une attitude politiquement lâche.

Il est possible de faire autrement; à Vernier, un conseiller administratif a fait interdire les publicités pour le microcrédit dans sa commune et propose des ateliers pour apprendre aux jeunes à remplir leur déclaration d’impôt et à gérer leur argent. A chacun de prendre ses responsabilités! Après la lutte contre la malbouffe, l’intégration sociale de toutes les différences, voici les sollicitations institutionnelles pour combattre le surendettement. L’utilisation des ouvrages proposés dans le numéro de Correspondances est justifiée de surcroît par les objectifs du Plan d’études romand (PER), en tissant des liens plus que vaseux avec la problématique! Autrement dit, on nous dore la pilule pour mieux la faire passer!

Et si les jeunes continuent de s’endetter, on viendra reprocher à l’école de ne pas en faire assez. C’est placer l’enseignant dans des missions impossibles, parce que l’école ne peut résoudre seule des problèmes sociétaux. Et les parents, dans tout cela? Ne doivent-ils pas inciter leur enfant à manger sainement, l’aider à construire son rapport à l’argent en lui apprenant à gérer la frustration et à vivre en fonction de ses moyens?

Non seulement l’école ne peut pas tout faire, mais elle devrait replacer les limites de ce qu’elle n’est plus prête à faire pour éviter d’être un lieu prétexte à toutes les préventions et une excuse facile pour la société pour se défausser des problèmes qu’elle devrait empoigner elle-même.

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