École dehors - 2/2022

École dehors

De nouvelles compétences émergent

 

Depuis maintenant plus de deux ans, je sors avec ma classe un matin par semaine ( j’essaie de tenir ce rythme ). À la base de cette habitude pédagogique se trouve une formation « guide outdoor » dispensée par Plano Alto et dont la publicité était arrivée chez moi via le magazine que vous tenez entre les mains. Cette instruction m’a fait redécouvrir les plaisirs d’être dehors et d’apprendre dans et par la nature. Au terme de celle-ci, je voulais à tout prix partager cette vie hors les murs avec mes élèves et j’ai donc instauré ce rituel de matinée hebdomadaire dans les forêts environnantes.

J’ai alors pris conscience d’une situation sur laquelle je ne m’étais jamais vraiment penché : je n’avais rien d’un précurseur dans mon école ... Les classes enfantines ne m’avaient pas attendu pour mettre sur pied, avec l’aide de Silviva et de nombreux parents, un magnifique canapé forestier et des sorties dans celui-ci en toute saison. Dès lors, sortir avec ma classe s’invitait simplement comme une continuité d’habitudes prises dès les premières années d’école. Quel plaisir d’avoir ainsi des élèves entrainé·es et habitué·es à l’école dehors !

La mise en place de matinées en forêt n’a pas été ( et n’est toujours pas ) de tout repos et je pense que l’immense plaisir que j’en tire me permet de tenir bon. Mon besoin de partager la joie d’être dehors, mon souci de mener des activités pertinentes selon les plans d’études et l’horaire d’école, la condition d’offrir un cadre sécurisé et sécurisant sont autant de facteurs qui m’ont certes motivé, mais également pris bien du temps. Assurément, enseigner dehors ne s’improvise pas !

Les élèves ont globalement bien accueilli cet enseignement hors les murs. Il faut dire que dans le village où j’enseigne, la forêt n’est jamais très loin, la météo jamais trop horrible pour sortir et les possibilités de varier les lieux fort nombreuses. De plus, nos sorties sont l’occasion de travailler plus bruyamment, en mouvement, de découvrir et de s’amuser. Bref, un changement assez radical d’avec le contexte scolaire classique.

 

Des échanges qui enrichissent

 

Lorsque Pro Natura Jura a lancé son appel pour réunir des enseignant·es pratiquant l’école dehors, j’ai rapidement pensé que j’aurais intérêt à participer à ce groupe de travail. Je n’ai pas été déçu, car les discussions avec mes collègues m’ont ouvert les yeux sur d’autres activités et conforté dans ma propre pratique. Ainsi, l’enseignement en extérieur a du sens et permet une multitude de possibilités qu’une salle de classe limite considérablement.

Cet échange avec d’autres habitué·es de l’école dehors m’a également poussé à une analyse de mes propres pratiques. Qu’ai-je constaté après deux années ? Ai-je déjà pris de ( mauvaises ) habitudes ? Qu’est-ce qui me pousse encore à sortir ?

La littérature vantant cette pratique pédagogique ne manque pas pour décrire tous les avantages qu’il en résulte, et je les confirme. Toutefois, à la rédaction de ce mot, je souhaitais vous partager un point particulier qui fait écho à ma formation de guide en nature.

Durant la trentaine de jours nécessaires à l’obtention de mon certificat, la sortie de zone de confort était un élément particulièrement important. C’est en effet dans cette situation que le groupe se fédère, que l’apprenant·e se confronte à ses limites et essaie ( ou pas ) de les repousser. La sortie de zone de confort bouscule, dérange mais satisfait et rend finalement plus fort·e. L’enseignement dehors se justifiait encore davantage si mes élèves sortaient ainsi de cette zone de confort.

 

... loin des bancs alignés ...

 

Et là, paf ! Je prends conscience que certain·es élèves entrent dans leur zone de confort en quittant la salle de classe pour entrer dans la forêt ! Ma classe n’est finalement pas confortable pour tous·tes et quelques enfants peuvent enfin s’épanouir et se laisser aller, démontrer toutes leurs compétences en la laissant derrière eux. Ainsi l’élève rêveur devient tout à coup participatif et concentré, celle dont l’orthographe hante mes nuits se met à déclamer sa prose dans une pièce de théâtre improvisée, celui dont le rythme de travail m’exaspère se montre serviable et attentif aux besoins du groupe, le râleur dans l’âme devient enjoué et fréquentable. De nouvelles compétences émergent, de nouveaux visages se dessinent. Ma pratique de l’enseignement dehors prend alors une dimension d’importance : elle devient essentielle pour les quelques élèves qui en ont maintenant besoin pour travailler dans le cadre qui leur convient réellement, loin des bancs alignés, des tableaux noirs et des places assises. Et ne serait-ce que pour le plaisir de les voir enfin s’épanouir et exister au sein de ma classe, enseigner dehors devient une condition de base de ce que je considère comme un enseignement réussi.

L’enseignement dehors est en pleine expansion. Beaucoup d’enseignant·es ont pris l’habitude de sortir et d’autres se tâtent un peu. Je ne peux que leur conseiller de tenter l’expérience. Je ne vous dirai pas que c’est toujours facile. Je sais que beaucoup de facteurs entrent en jeu pour permettre à une classe de travailler dehors. Mais je ne peux que vous confirmer que, loin des murs de la classe, des élèves commencent à apprendre et à exister dans leur groupe. 

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