Des pompiers pyromanes?

Des pompiers pyromanes?

L’annonce de la démission du chef du Service de l’enseignement (SEN), après une année de fonction, constitue une surprise, regrettable. L’homme avait des idées pour l’école jurassienne, avec une approche humaniste incontestable. Le poids des responsabilités administratives a eu raison de ses idées qui avaient besoin de temps, en réflexion et en échanges, pour être concrétisées.

Fabien Crelier résume son désarroi en regrettant qu’on ne lui ait pas tout dit sur les tâches administratives comprises dans sa fonction. Il rêvait d’un poste stratégique, il a dû constater que l’on a besoin dans le Jura de personnes avec un haut niveau de formation pour s’occuper de situations qui relèvent de l’opérationnel. Ce n’est pas le seul cadre qui connaît ou a connu cette situation dans l’administration jurassienne. On pourrait même y ajouter parfois les Ministres qui, en raison de la proximité inhérente à notre canton, sont amenés à apporter des réponses pouvant être données à des niveaux hiérarchiques bien inférieurs.

En fait, rien n’a été caché à Fabien Crelier. Le fonctionnement de l’administration jurassienne, au SEN comme dans de nombreux autres services, fait que les cadres doivent s’occuper d’affaires qui ne requièrent pas leur niveau de compétences. Mais ces interventions sont souvent nécessaires par manque de ressources administratives suffisantes. On le voit à chaque départ, l’employé-e qui s’en va doit récupérer une accumulation d’heures supplémentaires et de vacances non prises dépassant l’entendement, l’admissible même.

Aujourd’hui, on entend des voix s’élever pour s’étonner de ce départ, pour se demander ce que l’on a caché à ce chef de service, pour s’interroger carrément sur le fonctionnement de l’école jurassienne. Les anciens chefs de service sont mis en cause. Des employé-e-s sur le départ aussi. L’école jurassienne est perfectible, c’est certain, et nous nous y attelons en tant que partenaires des services en charge de la formation. Mais de là à dire qu’elle va mal, il y a un pas que nous ne pouvons franchir. A l’exception d’un domaine, nous l’avons déjà dit et répété dans ces colonnes: tout ce qui touche à l’enseignement spécialisé et à l’intégration des élèves en difficulté est mené de manière totalement insatisfaisante.

Et le partenariat social?

Ce qui devrait interpeller les élus de notre canton dans le départ de Fabien Crelier est sa mise en évidence de l’insuffisance de ressources humaines dans bien des domaines, ce qui l’a obligé à s’occuper de vérifier des horaires, à répondre à des demandes de parents, à enregistrer le mécontentement d’enseignant-e-s confronté- e-s à des applications de processus insuffisamment clairs, et parfois à géométrie variable. Inscrivons cette réalité dans le processus, peu clair aussi, de recherche d’économies. Des interventions parlementaires demandent de réduire le nombre d’employé-e-s de l’Etat, de se débarrasser de services, y compris qui rapportent comme l’Office des véhicules. Le Gouvernement s’exécute et lance le projet OPTI-MA.

Une proposition saugrenue, venant d’ailleurs, demande de créer une table ronde de réflexion devant mener à des consensus interpartis pour réaliser des économies. Chaque parti est invité à désigner deux représentant-e-s pour y participer. Tous, sauf un, acceptent l’idée.

Puis on mélange le tout. Le travail d’OPTI-MA est désormais terminé sans que le personnel et ses représentants aient été associés. Les conclusions sont soumises à la table ronde. Elle en débat dans le secret le plus absolu, sans que les partenaires sociaux soient conviés à la réflexion, malgré l’obligation légale qui est faite à ce sujet dans la Loi sur le personnel. Les participant-e-s à la table ronde se sont engagé-e-s à respecter les décisions qui y seront prises et à ne pas en trahir les délibérations. La démocratie interviendra plus tard. Quant aux négociations légalement obligatoires… passons!

En attendant, pour revenir au début, tout ce bruit autour du départ d’un chef de service a ceci de bizarre: ceux qui veulent aujourd’hui faire croire que l’école jurassienne va mal, et prétendent chercher des solutions pour qu’elle aille mieux, sont les mêmes qui exigent des suppressions de postes à la pelle dans la fonction publique jurassienne. Des pompiers pyromanes, en quelque sorte.

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