De cette école inclusive qui n’a d’inclusif que le nom

De cette école inclusive qui n’a d’inclusif que le nom

L’école inclusive est un rêve que les enseignant-e-s partagent depuis que l’on parle de différenciation. L’école publique aspire à tenir compte des besoins particuliers de tous et toutes ses élèves depuis des lustres. Comme la conseillère d’État, la SPG rêve d’une école qui agit «au quotidien pour ne laisser personne au bord du chemin». 

Néanmoins, dans les faits, l’école actuelle, faute de moyens, n’a d’inclusif que le nom. Le service du suivi de l’élève de l’Office médico-pédagogique (OMP) fait si peu de cas de notre jugement professionnel que lorsque des parents s’opposent à une orientation en spécialisé, elle ne prend même pas le temps d’échanger avec l’enseignante qui a effectué le signalement avant de refuser l’orientation.

Le temps long des réponses

Le service du suivi de l’élève de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) fait si peu de cas de notre jugement professionnel que lorsqu’une enseignante titulaire d’une classe de scolarisation tire la sonnette d’alarme au sujet de sa situation inédite, il ne lui accorde une réponse, négative, qu’au bout de treize semaines. Si les temps institutionnels sont extrêmement longs, ce temps semble encore plus long à l’enseignant-e qui se retrouve seul-e face à une situation devenue ingérable. Les moyens octroyés aux enseignant-e-s pour les soutenir face à certaines situations sont le plus souvent insuffisants quand ils ne sont carrément pas inadéquats. Généralement, l’OMP accorde quelques périodes de soutien avec un-e enseignant-e spécialisé (SPES), mais bien souvent la DGEO doit compléter ce soutien en attribuant un-e assistant-e à l’intégration scolaire (AIS), un-e civiliste ou un-e remplaçant-e. Si l’on peut questionner la présence de personnes peu voire pas formées dans les classes, on peut également observer que ces mesures «pansements» ou «puzzle» démultiplient le nombre d’intervenant-e-s auprès des élèves dans un contexte où tous et toutes auraient avant tout besoin de stabilité. Cette démultiplication des intervenant-e-s entraine également une surcharge de travail de coordination et de préparation pour le ou la titulaire de classe.

Dissonance entre valeurs et moyens

Depuis que j’ai pris en charge la fonction de présidente de la SPG, je reçois au moins une fois par semaine l’appel d’enseignant- e-s épuisé-e-s, qui se sentent abandonné-e-s par l’institution et qui ne savent plus à qui s’adresser. Vingt-deux semaines de présidence, vingt-deux enseignant- e-s épuisé-e-s à qui souvent la DGEO n’accorde même pas le crédit d’une oreille attentive. Une de ces enseignante confrontée à un élève qui jouait avec ses excréments doit même aujourd’hui se justifier pour défaut de prestation, car elle n’aurait pas su répondre à l’hétérogénéité grandissante des classes actuelles. Les dénominateurs communs que j’ai pu identifier dans ces situations sont souvent des effectifs de classe surchargés, plusieurs situations complexes, un délai de réponse de l’institution trop long, parfois même une minimisation des difficultés rencontrées, des mesures de soutien octroyées insuffisantes, une surcharge de la tâche administrative dévolue à la coordination de l’ensemble (organisation des réseaux, pilotage de la PES – procédure d’évaluation standardisée). Alors comment font les enseignant-e-s pour faire leur travail dans ces conditions? Certain-e-s n’y parviennent plus. Ce sont le plus souvent celles et ceux qui sont confronté-e-s à une dissonance trop importante entre leurs valeurs et les moyens qu’ils ont à disposition pour exercer leur profession, c’est-à-dire enseigner. Les bons élèves s’en sortiront toujours, quel que soit le contexte, mais notre système scolaire n’est-il pas en train d’abandonner les élèves qui ont justement besoin de lui? Cette école inclusive n’est-elle pas justement en train de laisser au bord du chemin ces élèves qu’elle cherche tant à inclure par manque de moyens et de courage politique?

Adapter les effectifs

Afin de répondre enfin aux besoins des élèves, la SPG demande l’application de la loi sur l’instruction publique (LIP, article 50) qui stipule que l’effectif des classes «est adapté à l’âge des élèves et aux divers degrés et cycles d’enseignement» et surtout qu’il «tient également compte du nombre d’élèves ayant des besoins éducatifs particuliers ou handicapés intégrés dans les classes, eu égard à l’encadrement que nécessite leur présence» afin que les enseignant-e-s puissent simplement faire leur travail à la hauteur des valeurs républicaines et humanistes qui guident leurs actions. Néanmoins, en attendant cette école réellement inclusive dont nous rêvons toutes et tous, ce sont les enseignant-e-s que l’institution va finir par laisser au bord du chemin. 

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