Orientation précoce

Lors de sa dernière assemblée des président·es du 24-25 novembre dernier,  la faitière alémanique LCH s’est penchée sur la question de la « sélection » précoce. Nombre de voix en Suisse allemande s’élèvent contre une orientation trop hâtive des élèves et surtout contre une forme insidieuse de stigmatisation engendrée par ces systèmes qui orientent ou sélectionnent de manière très (trop) précocement.

L’école doit raboter, voire mieux encore, faire disparaitre les inégalités sociales, offrir à tous·tes les élèves les mêmes chances de réussite scolaires et les mêmes possibilités de formation. Les discussions autour des systèmes scolaires reviennent de manière cyclique ; la question de la sélection et, plus agréablement dit, de l’orientation ne fait pas défaut à ces réflexions.

Les résultats d’une étude longitudinale menée en 2019 par Ladislas Ntamakiliro et Karine Benghali Daeppen auprès de plus de 950 élèves – qui avaient complété un questionnaire en 9e et en 10e années dans le système scolaire suisse – confirmaient partiellement l’hypothèse que les filières de niveau inférieur ou intermédiaire ont négativement influencé l’évolution de l’estime de soi en mathématiques, de l’attrait pour l’école et du sentiment de relations sociales. Cette étude avait cependant relevé que les filières pouvaient avoir un effet positif sur l’estime de soi en français. De nombreuses études menées depuis les années 80, corroborées par des analyses plus récentes, confirment que la sélection précoce accroit les écarts de niveau et par la même occasion les inégalités sociales.

Dès lors, il apparait comme évident qu’il ne faut pas effectuer de sélection de manière anticipée et enfermer les jeunes dans des systèmes à filières. L’école, les enseignant·es et les élèves coconstruisent l’identité scolaire des élèves. Une orientation précoce vers des filières dites inférieures influence de manière négative l’appréciation que les apprenant·es peuvent avoir d’eux-mêmes, d’elles-mêmes. L’orientation ou la sélection doivent se faire au moment opportun et de manière progressive, tout en respectant les attentes du monde professionnel et des écoles subséquentes. Les systèmes plus flexibles et perméables, ceux à niveaux, sont une des pistes intéressantes à creuser. 

David Rey, président du SER