Arno et André Stern (2023). Poser sur nos enfants les yeux de la confiance. Éd Marabout.

Arno, le père, et André, le fils, sont deux pédagogues passionnés qui nous proposent ici un dialogue permettant de comprendre, avec leurs mots, leur conception d’une éducation singulière. Mieux … une écologie de l’enfance. Née de toute l’expérience réalisée dans le Closlieu d’Arno Stern. Cet atelier de peinture étonnant, où d’innombrables enfants ont tracé leur univers, sans limite d’espace ou de temps.

Ils nous expliquent comment la science nous montre aujourd’hui que l’enfant nait avec « une bombe de potentiels », mais combien toute notre société actuelle, y compris l’école, ignore et piétine cette nature de l’enfant.  Ce livre donne envie de mieux connaitre ce Closlieu où se pratique Le Jeu de Peindre, de mieux comprendre Le Servant qui y travaille, de découvrir ce qu’est La Formulation … Un monde que l’école peut s’approprier et qui suscite alors une autre manière d’être. Une autre volonté d’être.

Sylvie Moussay (2023). Concevoir de nouveaux espaces de travail et de formation sur le terrain des établissements scolaires. Presses universitaires Blaise-Pascal.

L’auteure décrit le travail de collectifs associant chercheur·es, enseignant·es, formateur·trices, chef·fes d’établissement faisant l’hypothèse que de nouveaux espaces de travail et de formation sont nécessaires pour répondre aux besoins actuels des enseignant·es. L’ouvrage, s’appuyant sur des études de cas, décrit la genèse de la création de plusieurs de ces espaces, l’implication des personnes qui y prennent part, l’activité de pilotage pour certain·es. Les outils méthodologiques et conceptuels développés en chemin et les résultats obtenus intéresseront vivement celles et ceux qui se soucient d’une éducation et d’une formation « responsabilisante ». Ce livre passionnera aussi celles et ceux qui réalisent des travaux en sciences de l’éducation et de la formation. D’autant plus quand on se réfère aux cadres de réflexions de l’ergonomie de tradition francophone et à la clinique de l’activité.

Eric Mutabazi (dir). (2023). Communautés et apprentissage de la citoyenneté. Éd. Le bord de l’eau. Critiques éducatives.

L’école s’est vu attribuer un rôle décisif dans l’éducation et la formation des citoyen·nes. Alors que l’apprentissage de la citoyenneté est aussi réalisé, à chaque instant, informellement. Et, plus ou moins formellement, par différentes communautés qui s’en saisissent, cherchant chacune à bâtir une certaine cohésion communautaire spécifique.

Ce livre pose cette question : apprend-on à devenir citoyen·ne au sein de nos diverses communautés, ou bien l’éducation transmise en leur sein constitue-t-elle une menace à l’apprentissage d’une citoyenneté servant le bien commun ? Les contributeur·trices y répondent en s’appuyant sur leurs travaux de recherche empirique. En nous faisant pénétrer dans des communautés fort diverses, ils·elles nous offrent de puissants enseignements pour le monde de l’éducation et de la formation. Les communautés y apparaissant certes comme pouvant se refermer sur elles-mêmes. Mais, sachant s’ouvrir à la chose publique, on les voit au contraire pouvoir entretenir, voire raviver la citoyenneté. Ainsi sont questionnés des apprentissages citoyens opérés par un enseignement religieux, une formation syndicale, par un travail sur et par les langues. On découvre par exemple un apprentissage citoyen non excluant dans l’enseignement d’une langue régionale ( le breton ), mais aussi comment une langue peut au contraire armer, jusqu’à conduire au génocide, quand elle sert à travers un enseignement de mythes et légendes à créer des différences pour faire émerger une suprématie d’une communauté sur d’autres ( ainsi au Rwanda ). On voit aussi comment l’enseignement de l’histoire peut, de manière plus cachée, maintenir des suprématies de communautés sur d’autres. Comme au Canada, où perdure l’idée que la nation québécoise doit tout aux hommes, blancs et francophones, en oubliant les groupes autochtones.

On referme ce livre en ayant compris les mots de son préfacier, Michel Fabre : la citoyenneté ne peut s’épanouir que dans le pluralisme des communautés ouvertes au commun.