A toi, collègue institutrice, nous souhaitons que perdurent les éclats de soleil jaillis des yeux de Jessica quand tu lui fais saisir la beauté des feuillages de l’automne, la tendresse des dinosaures et incidemment l’algorithme de la division; nous formulons le vœu selon lequel la danse de Noël offerte par tes élèves aux familles fasse revenir à de meilleures intentions les aigris du café du Commerce.

A toi, collègue de Voie Générale, qui doutes de la pertinence de faire travailler ensemble les plus et les moins qualifiés des élèves, qui estimes que séparer serait plus pertinent ou plus efficace, nous adressons nos pensées amicales; ainsi qu’à toi, en charge des élèves de niveau 1, qui désirerais travailler avec des plus performants… Nous savons les difficultés, inscrites dans le paradoxe qui consiste à promouvoir une école ouverte et inclusive, alors que plus que jamais il est demandé d’évaluer, de trier, d’orienter et de réorienter, dans une école vaudoise qui ne sait pas dépasser sa culture profonde et son histoire.

A toi, collègue de Voie Prégymnasiale, qui es en charge des enfants les plus en facilité, nous disons que rien n’est gagné pour autant, que la vie est pleine d’accidents et que, aussi performant qu’il puisse être, un élève reste une âme fragile.

A toi, collègue maître de sport ou d’arts visuels, d’activités manuelles, artisanales, à toi la prof de cuisine, nous rappelons notre proximité dans ton combat pour une école qui, par-delà le pur intellect, développe les qualités profondément humaines de la main, du corps et du plaisir du faire et de l’agir.

A vous, directeur d’établissement, nous déclarons connaître les contraintes multiples, les arbitrages incessants à mener entre exigences locales, parentales, professionnelles et administratives. Et nous demandons que les décisions qu’au final vous devez assumer soient prises en concertation avec les acteurs, le cœur ouvert et la main franche. A toi, collègue doyen, pris entre le feu de la hiérarchie et la connaissance intime des réussites ou des échecs de tes collègues, nous souhaitons de continuer à trouver le juste et sain équilibre qui sied à ta fonction.

A vous, conducteurs de transport scolaire, nous disons notre empathie, victimes parfois que vous êtes de quolibets ou de menaces, mais qui, contre vents, neige et pluie, conduisez toujours à bon port les enfants pour qu’à la cloche ils soient présents.

A vous, municipaux des écoles et décideurs locaux, nous demandons de penser efficacité des transports et des locaux, et non pas concours d’architecture grandiloquente inutilement dépensière.

A vous, Madame, Monsieur, parents d’élèves, nous affirmons que l’écrasante majorité des enseignants de ce canton sont conscients des heures riches ou plus sombres que vivent les familles. Ce sont aussi les nôtres.

A vous, chefs de service et responsables dits administratifs, qui semblez planer parfois dans des sphères dont vous seuls connaissez les circonférences, nous proposons que l’action commune prévale, que les guerres de territoires fassent place à la volonté de tirer ensemble et dans la même direction la corde de l’école, dans les seuls objectifs de rendre celle-ci plus agréable à ses servants et plus efficace à la réussite de tous les élèves. Et que chacune et chacun d’entre vous puisse faire confiance au génie ordinaire des maîtres de ce canton, sans les corseter, persuadés du fait que vous pouvez compter sur leur professionnalisme et leur expertise.

Enfin, à vous, Madame la Cheffe du Département, nous souhaitons que vous ayez la force et le courage de rester au plus proche de vos administrés, du plus élevé au plus humble de la hiérarchie. C’est ainsi: beaucoup comptent sur vous pour indiquer le chemin.

En ces temps que l’on dit d’espérance, qu’en espéranto il vous soit dit à chacune et chacun: «Felican Kristnaskon kaj prosperan Novjaron!»