J'éduque, donc je lis  - 11/2022

J'éduque, donc je lis 

Jacques Attali (2022). Histoires et avenirs de l’éducation. Éd. Flammarion.

 

Que serait devenue l’humanité sans toutes celles et tous ceux qui, depuis des milliers d’années, ont accumulé, protégé, partagé des connaissances ?

Depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, les façons de transmettre les savoirs dans le monde ont joué un rôle déterminant dans l’évolution des cultures, des rapports de pouvoir, des idéologies et religions ; les puissants cherchant le plus souvent à priver les peuples, et d’abord les filles, des savoirs menaçant leurs privilèges.

 

Qu’en est-il aujourd’hui ?

La situation s’aggrave : très peu de personnes ont réellement une formation de qualité. Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Si on n’y prend garde, l’humanité sombrera dans une nouvelle barbarie faite d’ignorance et de technologies mal maitrisées.

Pourtant, nous avons les moyens de former tous les êtres humains et de mettre l’éducation au service d’un monde bienveillant en harmonie avec la nature.

Jacques Attali, économiste, auteur de quatre-vingt-six essais, romans, biographies, pièces de théâtre, mémoires, a été traduit dans plus de vingt langues. Il a enseigné dans les plus grandes écoles et universités françaises. Il a créé quatre institutions internationales et a été collaborateur du président français François Mitterrand. Il plaide aujourd’hui pour un fort investissement plus juste, plus intelligent dans l’éducation.

Avec Histoires et avenirs de l’éducation, il écrit plus qu’une histoire mondiale de l’éducation et de son avenir. Il propose des choix radicaux sans lesquels l’humanité ne pourra survivre. On sera frappé, en tant qu’éducatrices et éducateurs lisant notre revue helvétique, par cette pensée que nous pouvons qualifier de relativement proche de ce que beaucoup de nous pensons de l’avenir de l’éducation. Peut-être parce que nous avons eu la chance de pouvoir, comme lui, demeurer émerveillé·es par l’espèce humaine et l’humanitude ( ses savoirs et ses outils qu’elle a produits ). Mais peut-être plus encore, parce que nous avons eu aussi la chance de pouvoir être, comme lui, « fou de rage » contre cette même espèce humaine qui a cyniquement réservé les savoirs les plus précieux, presque en tout lieu et en tout temps, à quelques puissants. En condamnant, à chaque génération, l’essentiel des humains, et presque toutes les femmes, à une vie d’ignorance et de misère, de soumission et de souffrance.

Jacques Attali l’écrit : « Je ne ressors pas indemne d’un tel voyage. » Ainsi de ce livre, il ressort « bouleversé par l’incapacité de notre humanité à transmettre l’amour et combattre la haine, le sadisme, le plaisir du mal et de tuer ». « Furieux de voir le pauvre usage qu’elle a su faire de l’immensité du savoir qu’elle a accumulé, lequel n’a servi pour l’essentiel qu’au bonheur de quelques-uns, en exploitant les autres humains et le reste du vivant. » « Inquiet de voir les tsunamis qui menacent, et le refus général de s’y préparer. » Mais il n’est pas désespéré pour autant.

Attali propose deux scénarios de l’éducation catastrophiques pour l’avenir. Celui de la barbarie de l’ignorance, un monde devenant sans école. Et celui de la Barbarie de l’artéfact, un monde choisi sans école, sans collège, sans université, ceux-ci étant remplacés par des outils d’enseignement à distance. On y voit le service public remplacé par des objets et des services marchands devenus, avant tout, sources de profit. On comprend qu’apprendre y devient un exercice solitaire, surveillé à distance et géré avec des modes de gratification et de punition de plus en plus personnalisés. Avec des manières de connecter la pensée et la mémoire de chacun·e à un système informatique externe. Les prothèses génétiques étant déjà imaginées. Transmettre dans ce scénario donnerait un pouvoir plus exorbitant que jamais.

Pour que l’humanité échappe à l’une et l’autre de ces deux barbaries qui nous menacent, Attali propose un troisième scénario : Vers l’Homo hypersapiens et l’hyperconscience collective. La visée ? Chacun·e serait alors en situation de « devenir soi », d’aider ses proches à le devenir. Devenir un humain sage, créatif, bienveillant, soucieux de l’intérêt de ses descendant·es. Il dit alors la nécessité d’une éducation qui ne pourra plus demander aux enfants et aux adultes qu’ils deviendront, d’obéir sans comprendre aux ordres d’une hiérarchie. Comme, précise-t-il, « bien des pédagogues le crient depuis des siècles ».   

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