En rire, avant d’en pleurer
Nous avons déjà évoqué les soucis de communication du Gouvernement à l’intention des employés de l’État. Après l’ordre de marche pour la fête du 21 juin qui s’est transformé en aimable invitation, il y a eu le message de Noël demandant aux employés de trouver, entre la dinde et la bûche, 45 millions pour que le Jura survive.
Le montant et les délais ont ensuite été revus. «Nous ferons mieux à l’avenir», m’a affirmé en février à la tribune du Parlement le ministre des Finances. Vraiment?
Depuis, une enquête de satisfaction des employés de l’État a été lancée. Et un message se voulant une motivation à rechercher des économies dans une restructuration de l’État, accompagné d’une charte instituant, sur papier, une méthode participative, a été diffusé auprès de tous les collaborateurs.
Passons rapidement sur l’enquête de satisfaction qui s’adresse «y compris aux enseignants». Vingt minutes pour y répondre, en prenant le temps nécessaire sur son temps de travail, mais pas y compris pour les enseignants.
Peu adaptée à l’enseignement selon beaucoup, il semble cependant que quatre enseignants aient été entendus par les rédacteurs du questionnaire pour corriger cette impression.
Mais qui a donné son feu vert à la question relative à l’âge des participants? Cinq catégories apparaissaient: moins de 19 ans; de 20 à 39 ans; de 40 à 64 ans; de 65 à 79 ans; 80 ans et plus. S’il y a encore des collaborateurs dans les deux dernières catégories, il serait temps de vider les placards à Morépont. Ou y a-t-il une volonté de faire croire que l’État est sclérosé?
Passons à quelques morceaux choisis – subjectivement par le soussigné – du message surtout. Le Gouvernement livre d’abord sa vision de l’État jurassien: «Moderne, attractif et efficient.» Attractif? Le Gouvernement est-il conscient des conditions de travail que la pression financière a mises en place depuis OPTIMA? Ne s’inquiète-t-il pas des départs d’un nombre important de collaborateurs ces dernières années? Les burnouts en augmentation ont fait exploser les primes APG, ne s’en soucie-t-il pas? Une déclaration vide, clairement.
Un peu plus loin, on peut lire: «Il apparaît toutefois que repenser l’État prendra du temps, alors que les échéances budgétaires à court terme sont préoccupantes.» Tout et son contraire. Ou bien on prend le temps de réfléchir en admettant une augmentation de la dette, loin d’être catastrophique d’ailleurs, pour trouver de vraies solutions pour réformer l’État, ou bien on coupe au plus vite pour équilibrer les comptes, auquel cas la réflexion devient inutile, ou se limite à trouver ce qui coûte dans les autres services que le sien, ce qui semble se développer dans les premiers ateliers menés.
Signalons encore ce magnifique passage: «Ce que l’État offre doit correspondre à des besoins, mais doit aussi être financièrement supportable.» Coluche avait été meilleur dans une réponse supposée de l’administration: «Dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer.» Là, c’était pour rire.
Les maîtres-mots tant du message que de la charte sont transparence et participation. Comment ces principes seront appliqués quand on annonce dans un même temps ceci: «C’est en lien avec ce défi à brève échéance qu’il a été décidé qu’une douzaine de collaborateurs-trices se réuniraient au printemps.» Personne ne sait qui sont ces douze personnes. Ni comment et par qui elles ont été choisies. Ces douze chouchous du pouvoir feront des propositions. Il apparaît compliqué ensuite que les ateliers participatifs, tenus en toute transparence, parviennent à inverser les options prises. Là, on risque de pleurer bientôt.
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