Apprentissages informels autour de la tirelire…

Apprentissages informels autour de la tirelire…

Apprentissages formels ou informels? Différentes approches apparaissent dans les discours pédagogiques. Les enfants sont scolarisés jeunes, le nombre de jeux éducatifs: (apprendre à compter, à calculer...) pour de très jeunes enfants, s’est multiplié ces dernières années. Où trouver des apprentissages fortuits? En écoutant les jeunes chanteurs fribourgeois égayer le 1er Mai de leurs chants et de leurs sourires, en les imaginant rentrer à la maison, contents de leur récolte, l’idée de les observer compter leur argent fait apparaître un apprentissage informel: le comptage d’argent, la gestion d’une tirelire. «L’argent de poche versé aux enfants constitue une toute première forme de transfert intergénérationnel.» (Barnet- Verzat, Wolff,  2001)  Les enfants se socialisent et s’inscrivent dans la vie active par leur capacité à compter, à gérer leur budget, mais aussi à comparer les produits et à résister aux tentations de la surconsommation actuelle. Les échanges monétaires rythment chronologiquement la vie des enfants puis des jeunes: de l’argent de poche aux aides pour l’acquisition d’un logement, le chemin est balisé d’apprentissages. Le thème, la tirelire des enfants puis des jeunes, se cantonne autour du domaine du nombre, de la valeur en mathématiques, tout en étant complètement dans l’apprentissage informel. En effet, l’école tant primaire que secondaire, supérieure n’effleure pas le sujet monétaire, que sporadiquement ou alors de manière trop éloignée de la vie active par des cours d’économie qui ne touchent pas les pratiques des jeunes avec l’argent.

La tirelire avant 6 ans

Avant 6 ans, l’enfant n’a pas pris conscience de la valeur de l’argent: le brillant d’une jolie pièce attire plus que sa valeur marchande, d’ailleurs les enfants refusent systématiquement les échanges de leurs pièces contre un billet. Par contre, ils savent que l’argent permet d’acheter ce qu’on veut et que cet argent vient du distributeur. Cependant, les enfants semblent s’initier de plus en plus tôt à la notion d’argent et les premiers apprentissages se font justement par la tirelire. Les parents privilégient des versements occasionnels et symboliques chez les jeunes enfants, car cela leur permet un droit de regard sur l’utilisation de ces modestes sommes. De plus, il semble que le montant moyen octroyé aux enfants augmente régulièrement et singulièrement en fonction du niveau scolaire de l’enfant. En Suisse, dans une étude de L’institut de sondages IHA-GfK, «L’argent de poche en Suisse», 2006,  nous ne trouvons pas la présence d’argent de poche avant l’âge de 6 ans. Avant 8 ans, les enfants dépensent leurs sous en faisant des achats impulsifs comme bonbons, petits jouets, gadgets ou cartes Panini pour ceux qui suivent un peu les modes. D’après la psychologue clinicienne Anne Jeger, les parents peuvent donner de l’argent de poche à leur enfant dès qu’il apprend à compter, afin de s’exercer et d’étendre ses apprentissages du nombre à la monnaie. Mais c’est avec le concours de ses parents que le jeune enfant va comprendre la valeur de l’argent, ou le mettre de côté dans sa tirelire.

La tirelire avant 12 ans

C’est vers ces années-là que l’argent commence à posséder une valeur symbolique ou affective, et les premiers échanges économiques comme le troc se réalisent dans la cour de récréation, entre copains. Vers 9-10 ans, l’enfant fait preuve d’abstraction et parvient à attribuer une valeur plus réelle à l’argent. D’après L’argent de poche en Suisse,  2006,  les 6-7 ans reçoivent 6.20 francs, les 8-9 ans 9.40 francs et les 10-11 ans 16.20 francs régulièrement comme argent de poche mensuel. En France, à partir de 6 ans, 40% des enfants reçoivent de l’argent ponctuellement et 20% en reçoivent régulièrement, ces chiffres sont tirés d’Economie et statistique,  no 343, 2001.

Malgré les différentes prises de positions des psychologues et pédagogues, comme Perrenoud, qui estiment injuste le fait de rétribuer les bons résultats scolaires, 18% des enfants français disent être récompensés pour leurs résultats scolaires, ce qui démontre de la part des parents une volonté de les inciter à travailler à l’école. L’analyse faite par Economie et statistique  n0 343, 2001,  nous renvoie à la notion d’une forme d’investissement par les parents dans le capital humain.

Pour la majorité des parents, l’argent de poche est d’abord destiné au superflu, comme le cinéma, les sorties, les loisirs, les CD. Les parents assument l’indispensable: les vêtements, les transports, les fournitures scolaires. Les enfants, avec l’âge, disposent de plus et prennent donc aussi de nouvelles dépenses à leur charge.

Comment est dépensé cet argent? Les enfants âgés de 6-9 ans placent plus du 50% de l’argent reçu dans leur tirelire et ne le dépensent pas. Ils en dépensent 30% de manière peu explicite, selon L’argent de poche en Suisse,  2006, le reste est dépensé de manière presque égale dans des achats de sucreries, de CD, DVD, jeux et journaux. Les enfants de 10-11 ans déposent 40% dans leur tirelire et dépensent 18% en CD et 18% en «autres». Chez eux, nous découvrons pour 10% de dépenses en sucreries et 10% en journaux, mais nous voyons apparaître un petit 2% de dépenses pour le téléphone portable.

La tirelire avant 16 ans

Vers 11-12 ans, l’entrée dans l’enseignement secondaire modifie le rapport à l’argent. Le jeune perçoit vraiment la valeur économique et développe de manière encore plus pertinente des notions d’anticipation, de prévision et de gestion de budget. Les enfants tiennent volontiers un budget de leur argent de poche. Ce budget les aide à apprendre à compter, à réaliser que les ressources s’épuisent ou que certains achats sont moins judicieux que d’autres. Les parents parfois aident l’enfant en proposant de séparer les dépenses utiles des dépenses plaisir. Pour le quotidien, l’enfant est maître de ses sous.

Cependant, les parents admettent en grand nombre conseiller leurs enfants dans leurs dépenses, ils reconnaissent même parfois jouer de leur autorité pour peser sur les décisions d’achat pour des choses importantes ou posant problème. Cependant, les adolescents de 12 à 15 ans utilisent leur argent de manière plus dépensière que les plus jeunes. Seuls 20% de leur argent de poche termine dans la tirelire alors que le téléphone portable engloutit 20% de l’argent reçu. Pour les jeunes de 14-15 ans, 32% des dépenses sont «autres» et il n’y a pas de définitions ou de justifications précises.

Conseils sur les tirelires  

Budget-conseil Suisse recommande un versement régulier hebdomadaire ou mensuel, dont l’enfant dispose librement. Les sommes proposées sont échelonnées selon le degré de scolarité de l’enfant. En troisième secondaire, Budget- conseil propose une somme de 40 francs; en cinquième primaire, elle est de 25 francs. Cependant, il est bien noté que ces montants sont à évaluer selon les dépenses effectives et dans le cadre de la capacité du budget familial. D’après Ursina Kasper Hartmann de Budget-conseil, une tirelire ne devrait jamais être entièrement vide. Un enfant de 10 ans est à même de comprendre les rudiments d’une comptabilité, soit le mouvement des entrées et des dépenses. La conclusion qu’elle donne est qu’apprendre à domestiquer l’argent, le codifier et l’aborder avec une attitude claire est sans doute l’un des meilleurs antidotes contre le surendettement du futur adulte!

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