VD: Violences et harcèlement-intimidation entre élèves : entre prévention et prise en charge au cœur des pratiques professionnelles - 10/2023

VD: Violences et harcèlement-intimidation entre élèves : entre prévention et prise en charge au cœur des pratiques professionnelles

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Sachant que 10 % des jeunes disent avoir été la cible de harcèlement-intimidation entre élèves, le canton de Vaud déploie depuis 2015 un dispositif de prévention et de prise en charge de ces phénomènes.

 

 

Clarifications théoriques

Le champ des violences s’étend en fonction de leur contexte ( école, rue, travail, etc. ), de leurs caractéristiques ( verbales, psychologiques, sexuelles, etc. ) et du public touché ( entre élèves, entre adultes, d’adultes envers les élèves, etc. ).

Les phénomènes de harcèlement-intimidation entre élèves constituent des formes de violences spécifiques, qui se caractérisent par le fait qu’elles sont répétées, s’inscrivent dans la durée et sont le produit d’un effet de groupe, créant ainsi une situation asymétrique qui fait que l’élève-cible se retrouve dans l’incapacité de se défendre ( Dayer, 2020 ). Nous n’utilisons pas le terme « harcèlement scolaire », car il génère des confusions entre le contexte du harcèlement ( école, lieu de travail, etc. ) et ses caractéristiques ( sexuel ou autre ), ce qui ne permet pas une prise en charge adéquate.

Ces phénomènes peuvent opérer de multiples manières : violences verbales ( injures, moqueries, surnoms, etc. ), physiques ( bousculades, coups, etc. ) et psychologiques ( humiliation, mise à l’écart, ricanements, etc. ). Quand ils se déroulent via les médias numériques ou réseaux sociaux, on parlera de cyberharcèlement-intimidation entre élèves.

Les principaux indicateurs de ces phénomènes sont l’absentéisme scolaire, les arrivées tardives, le décrochage scolaire et les indicateurs physiques ( maux de ventre, de tête, etc. ) ( Lucia et al., 2015 ). En tant que professionnel·les des écoles, le repérage se montre essentiel.

Il est à noter que les zones grises telles que les couloirs, la cour de récréation, les vestiaires ainsi que les toilettes, sont un terrain de prédilection où ces phénomènes opèrent. Ces lieux doivent donc faire l’objet d’une attention particulière.

 

Prévention et intervention au cœur des pratiques professionnel·les

Dans la pratique professionnelle, et en particulier dans les dispositifs d’enseignement, il est possible d’intégrer régulièrement des activités qui permettent de prévenir ces phénomènes et de promouvoir la santé en outillant les élèves afin de développer et/ou renforcer leurs compétences psychosociales, en travaillant le vivre ensemble. Il existe différents matériels pédagogiques qui sont validés institutionnellement et qui donnent la possibilité d’œuvrer en ce sens en les insérant dans les enseignements disciplinaires.

Un autre concept qui est au cœur des pratiques professionnelles est celui de l’intervention, en particulier en cas de violences. Le corps enseignant est un facteur de protection et d’inclusion pour l’ensemble des élèves et il est essentiel qu’il se positionne face à tout comportement problématique. Intervenir fait passer le message qu’aucun de ces derniers n’est toléré et qu'il soutient les élèves qui en sont les cibles. En revanche, les violences ne se déroulent pas toujours sous les yeux des adultes. Dès lors, comment gérer des regards moqueurs à l’égard d’un·e autre élève, de la mise à l’écart de groupes de travail, du refus de « faire la colonne » avec un·e camarade ? Que faire de faits ou propos rapportés, ou de toutes ces situations où la sanction peut entrainer un sentiment d’injustice et conduire à des représailles ? C’est là que la méthode de la préoccupation partagée ( MPP ) prend tout son sens.

 

Du dispositif vaudois à la méthode de la préoccupation partagée (MPP)

Celui-ci est constitué d’un volet de prévention, porté par les équipes PSPS ( promotion de la santé et de la prévention en milieu scolaire ) à travers notamment des projets PSPS, et d’un volet de prise en charge.

Le dispositif se compose de plusieurs étapes : rencontre de la direction et de l’équipe PSPS, conférence de sensibilisation à l’ensemble des professionnel·les de l’école afin de partager une ligne commune, formation à la méthode de la préoccupation partagée ( MPP ) pour les personnes intéressées ,ainsi que mise sur pied et accompagnement d’une équipe MPP. Des soirées de parents, à la demande des associations de parents d’élèves ou des écoles, viennent s’ajouter au dispositif. Par ailleurs, depuis plusieurs années, un module de formation complémentaire pour le suivi des élèves-cibles est disponible pour les médiatrices et médiateurs scolaires, infirmières et infirmiers scolaires, éducatrices et éducateurs en milieu scolaire, psychologues scolaires.

La méthode de la préoccupation partagée ( MPP ), inspirée des travaux d’Anatol Pikas et adaptée au contexte vaudois, est une approche qui permet de briser l’effet de groupe et de minimiser les risques de représailles. De brefs entretiens individuels sont menés par des professionnel·les formé·es avec tout·e élève qui peut aider à améliorer la situation ( autant des élèves qui embêtent un peu, beaucoup, voire pas du tout ) en ne les accusant pas et en ne les culpabilisant pas. L’entretien leur donne la possibilité de partager la préoccupation pour leur camarade et leur redonne un pouvoir d’action positif. En parallèle, un suivi est fourni à l’élève-cible par une personne ressource de l’école. Toutes les situations sont évaluées et prises en charge selon un protocole établi. En cas de situations graves ( tels que violences sexuelles, nudes, menaces, bagarre ), cela sort du périmètre pris en charge par la MPP et la direction prend le relai.

À noter aussi que la Plateforme romande MPP réunit tous les cantons romands. Elle permet de créer des synergies, construire des bases communes ainsi qu’échanger des outils concernant la MPP. De plus, la HETSL a mis sur pied un CAS en collaboration avec la HEP Vaud qui donne la possibilité d’approfondir les phénomènes de harcèlement-intimidation entre pairs dans une logique interdisciplinaire. 

 

Jennifer Dayer(-Lugon) et Sonia Lucia, cheffes de projet « Harcèlement-intimidation et violences entre élèves : prévention en milieu scolaire » Unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire (PSPS). Illustration réalisée par Jordi Murillo

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