C’est donc fait! Après une brève discussion(1), le Grand Conseil a adopté la réforme du cycle 3 telle qu’elle était décrite dans le rapport complété depuis sa décision de principe de novembre dernier. Même si le score y inciterait(2), il n’y a pas lieu de triompher, car ce n’est pas tant l’adoption de la réforme qui importe, mais la réussite de sa mise en œuvre.

Lors des différentes phases de consultation, comme d’autres interlocuteurs, le SAEN a toujours exprimé son souci quant à la prise en charge des élèves les plus fragiles. Assez logiquement, le rattachement de la 8e au cycle 2 primaire et la disparition des classes de transition – dès cet été – a suscité de l’inquiétude parmi celles et ceux qui les accompagnent actuellement. On peut même parler d’un vent de panique dans certaines salles des maîtres où on détecte une certaine pression à «caser» ailleurs, vite fait, les élèves décroché-e-s en 7e. Est-ce dû à un déficit d’information? Toujours est-il que certain-e-s directeurs-trices de cycle redoutent de confier des élèves fragiles à la nouvelle 8e. C’est aberrant et carrément en contradiction avec l’esprit de la réforme. Tout le monde est conscient qu’une partie des élèves y éprouveront des difficultés, ni plus ni moins qu’en 7e, et d’importants moyens ont donc été promis pour assurer un soutien efficace dans ces classes. Si on commence par «sélectionner» les effectifs des classes de 8e, comment savoir si le dispositif est adapté? Certes, il ne faut pas transformer des élèves en cobayes, mais contourner l’obstacle ne leur rend pas non plus justice; ce dont ils ont besoin, c’est d’être épaulés(3), pas écartés.

Un canton de «vieux»?

Au moment où d’importants chantiers sont en cours dans tous les cycles pour redynamiser l’école neuchâteloise, la lecture du Rapport 2014 sur l’éducation(4) est peu rassurante quant à la vitalité de la démographie de notre canton. Voyez plutôt le graphique ci-dessous! De toute évidence, il est grand temps de se préoccuper de l’avenir des familles dans notre canton. Pour les impôts, certes, mais aussi pour le logement et les transports publics, par exemple.

Vous avez dit: paradoxe?

La mise en place de la réforme exigera de grands efforts à tous les intervenants du cycle 3. Etendre la palette de son enseignement pour offrir à chaque élève ce qui lui permettra de progresser est un engagement audacieux et stimulant. Toutefois, un surcroît de travail important en découlera et les enseignant-e-s ne pourront s’y soustraire. Or, cette année a vu le pouvoir d’achat du plus grand nombre régresser. Le corps enseignant neuchâtelois est (a toujours été) très engagé et soucieux de la réussite des enfants qui lui sont confiés; il n’y a pas de raisons que ça change s’il perçoit que la population, et le monde politique, reconnaît ses efforts et respecte son engagement. De nouvelles attaques quant à son statut auraient à coup sûr de graves conséquences.

(1) précédée par trois réunions de sa commission HarmoS.

(2) 100 oui, 7 non, 2 abstentions.

(3) et là, on n’aura pas le droit de faillir.

(4) voir l’Educateur No 2/2014.