SEJ : Début d’une longue réflexion - 6/2023

SEJ : Début d’une longue réflexion

Le Comité central rencontre deux ou trois fois par année le Ministre responsable du Département de la Formation, de la Culture et des Sports (DFCS), Martial Courtet, et les chefs des services concernés, Fred-Henri Schnegg pour le SEN, et Manuel Donzé pour le SFP. La dernière rencontre a eu lieu le 24 mai 2023. Le thème principal qui a été évoqué est la violence en milieu scolaire. Nous nous sommes mis d’accord sur la nécessité de mener une réflexion commune quant à des mesures à prendre pour atténuer, à défaut d’éliminer, ce phénomène désormais identifié. Ce qui suit n’a d’autre ambition que d’alimenter la réflexion de longue haleine qui va s’ouvrir.

 

 

L’intention de mettre en place un groupe de réflexion est l’incontournable conclusion admise de part et d’autre après les enquêtes menées auprès des enseignant·es jurassien·nes, tant par le DFCS que par le SEJ. Il est également admis que dans ce groupe de travail, des représentant·es des directions scolaires et des parents devront être associé·es.

Naturellement, le rôle des parents est fondamental. Si la grande majorité de ceux-ci sont des personnes qui sont sensibles à leurs obligations vis-à-vis de l’école, une autre catégorie, faible mais ô combien influente en termes de détérioration du climat scolaire, développe des approches individualistes de la prise en charge de leur enfant. Pour cette catégorie, l’école est vue comme une institution pouvant détériorer l’éducation qu’ils entendent donner à leur enfant. Si, comme une récente enquête québécoise l’a démontré, certains parents se conduisent en « parents hélicoptères », surprotecteurs pour leur enfant, d’autres sont devenus, comme l’intitule cette enquête, des « parents-bombes » qui n’hésitent pas, lorsqu’ils sont en désaccord avec un·e enseignant·e, à proférer des menaces verbales, voire physiques, ou même à judiciariser ce qu’ils considèrent comme une situation problématique. Ne nous y trompons pas, ce genre de comportement a un effet désastreux sur les enseignant·es qui les subissent, avec des conséquences à des degrés divers dans leur enseignement dont pâtissent l’ensemble des élèves de leur classe. Les parents respectueux de l’institution scolaire doivent donc aussi envisager d’intervenir pour faire valoir leurs droits et ceux de leurs enfants.

Ces nouveaux comportements, que l’on a tenté un temps d’accepter dans l’espoir de les modifier pour assurer une intégration de toutes et tous à la micro-société qu’est l’école, sont le résultat d’un repli sur soi avec un développement d’un égoïsme profond. La notion de respect des autres n’est pas une priorité pour certains parents. Ceci est-il un des effets désastreux de la méthode d’éducation positive aujourd’hui mise à l’index par de nombreuses et nombreux psychothérapeutes ? Difficile d’être affirmatif, mais les retours du terrain laissent plutôt penser que c’est un élément qui influe grandement sur les attentes de certains parents.

Il est fondamental aujourd’hui que l’on reconnaisse davantage le professionnalisme des enseignant·es. Certains parents les méprisent et passent directement aux instances supérieures lorsqu’ils sont mécontents. Que ce soit la direction de l’école, le service de l’enseignement, voire même le Ministre. Il n’est pas toujours simple de se libérer d’une pression de ce type. Mais il est fondamental, et le DFCS comme le SEN sont en accord avec cette idée, que l’on exige avant tout échange une rencontre des parents avec l’enseignant·e mis·e en cause. Et si les parents prétendent que cela n’a pas été possible ou s’est traduit par un échec, la présomption d’innocence dont bénéficie tout individu doit également primer pour les enseignant·es. Une vérification des dires de parents, ou d’élèves, doit être menée préalablement à toute autre démarche auprès de l’enseignant·e concerné·e.    

Dans ce domaine de la reconnaissance du professionnalisme des enseignant·es, au bénéfice d’une formation de niveau tertiaire, il est essentiel que l’indispensable communication entre les membres du corps enseignant ne soit plus entravée par une application stricte des principes de protection des données en faveur des élèves, utilisée par des parents qui déterminent ce qui peut être dit ou non au sujet de leur enfant. Soumettre le corps enseignant à un respect strict du secret professionnel vis-à-vis de l’extérieur de l’institution, voire des membres de l’institution scolaire non directement concernés par le cas discuté, est une évidence. Mais leur nier le droit d’être mis au courant de problèmes particuliers d’un enfant pour préserver ses droits est dangereux, tant pour l’élève en question que pour les autres. L’enseignant·e par sa méconnaissance du problème ne pourra se préparer à adapter son enseignement ou son comportement.

Autre phénomène inquiétant dont il faudra appréhender les causes fondamentalement, est la proportion plus élevée d’actes de violence à l’encontre des enseignantes plutôt que vis-à-vis des enseignants. En s’intéressant aux réponses reçues dans l’enquête du SEJ des niveaux secondaires I et II, niveaux dans lesquels les proportions hommes-femmes sont proches de la parité, on constate que si globalement 46 % des personnes ayant répondu ont subi des actes de violence, cette proportion monte à 56 % si l’on ne considère que les réponses des femmes.      

Nous ne sommes qu’au début d’une longue réflexion, c’est certain. 

Rémy Meury, secrétaire général du SEJ

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