Quand paraîtra ce numéro, les élections seront passées. Alors inutile de vous recommander telle ou telle liste. Donc, je change de sujet!

Après mon dernier billet assez acide, où j’ai répandu pas mal de fiel, je vous propose pour la présente édition trois cuillerées de miel.

Il est des moments, dans l’exercice de notre noble métier, où nous nous disons que nous faisons vraiment le plus beau de tous. Et plus ces moments sont rares, plus ils sont précieux et plus ils nous donnent l’énergie nécessaire pour continuer, me semble-t-il.

Dernièrement, il m’a été donné d’en vivre quelques-uns. J’avais sanctionné un élève de la classe voisine qui avait tenu un langage vraiment très inadapté à une situation donnée. Il a dû venir dans ma classe après les heures d’école. Et là, je l’ai «condamné» à regarder une vidéo traitant de la violence dans une école spécialisée française. A la fin du visionnement, il avait les yeux quelque peu écarquillés et ne savait pas trop que dire. Après quelques secondes, il m’a dit: «Je ne veux pas que ça devienne comme ça chez nous. C’était vraiment une sanction intelligente. Ça va me donner à réfléchir. Merci!»

Après ce petit intermède, je me suis dit que je n’avais pas perdu ma journée, encore moins la demi-heure que j’avais passée avec cet adolescent. Quelques jours plus tard, un élève avait un exercice de vocabulaire à faire. Il s’agissait de trouver la signification de certains verbes ayant le préfixe é. Comme: écrémer = enlever la crème. J’ai recommandé à ce jeune de faire référence au dictionnaire au cas où il ne serait pas sûr de son affaire. Mais pour lui, l’usage d’un dictionnaire n’est pas sa tasse de thé. Après quelques minutes, il me rend sa feuille, avec toute une liste de définitions. En corrigeant, je tombe sur la définition suivante: épiler = enlever les piles…

Bon, il est clair que certaines fois, on aimerait bien épiler (selon la définition ci-dessus) certains élèves qui font preuve de beaucoup de turbulence! Précisément, un jeune qu’on pourrait classer dans cette catégorie a fait, l’espace d’un matin, l’étalage de tout son savoir en la matière. Je lui ai donc fait remarquer en fin de matinée que je le trouvais bien turbulent. Il m’a répondu: «Je sais, Monsieur, je suis super-actif, encore plus pire que mon copain!» Après pareille réponse, j’ai très vite oublié la fatigue du matin.

Mon souhait est que nous connaissions tous, dans l’exercice de notre fonction, de tels moments, que nous sachions les apprécier et surtout les conserver.