Voici la deuxième partie du feuilleton Et vogue la galère! Résumé de l’épisode précédent: à la fin du mois de novembre dernier, après un passage dans une zone de turbulences, l’équipage du vaisseau Service de l’enseignement attendait la nomination de son nouveau capitaine et espérait que la navigation pourrait reprendre sur des flots apaisés dès le début de cette année civile.* 

Pendant un long mois, le navire est resté à quai. Les membres de l’équipage sentaient le grain approcher: ils entendaient de nombreuses rumeurs sur le port et attendaient fébrilement les informations et les décisions du capitaine mais celles-ci tardaient à venir. Le 29 janvier, le paquebot a finalement entamé son voyage à destination de l’Organisation de l’année scolaire 2014- 2015. A peine avait-il appareillé qu’il a heurté de plein fouet un iceberg dans le secteur des Mesures d’économies. Abasourdis par la violence de la collision, les matelots se sont tournés vers les commandants du bateau. Du haut de leurs cabines, ces derniers se sont voulus rassurants: le choc avait endommagé le vaisseau mais les dégâts étaient provisoires et réparables. En outre, cet impact n’aurait que très peu d’incidences sur la formation donnée aux jeunes mousses et sur les conditions de travail de l’équipage. Toutefois, vue du pont, la situation s’avérait bien différente: le paquebot tanguait dangereusement et l’eau s’y infiltrait insidieusement. Certains moussaillons risquaient d’être abandonnés sur le rivage et on avait déjà signifié à plusieurs matelots de quitter le vaisseau à la prochaine escale, alors que les dommages n’avaient pas encore été évalués. Les membres de l’équipage, ne croyant nullement aux propos lénifiants des commandants, ont commencé à écoper, à jeter des bouteilles à la mer et à lancer des S.O.S. dans toutes les directions.**

Ce début d’année désastreux nous laisse un goût amer et nous amène à quelques interrogations et réflexions. – Les commandants du vaisseau connaissaient l’existence de cet iceberg et ont maintenu un cap qu’ils savaient dangereux. Pourquoi n’ont-ils pas pris contact avec les représentants de l’équipage afin d’envisager ensemble les itinéraires possibles? – Lors de catastrophes, on cherche habituellement à protéger les plus faibles. Pourquoi, cette fois-ci, a-t-on pris des mesures fâcheuses et dommageables pour les moussaillons et pour de nombreux matelots (jeunes ayant récemment rejoint le navire, membres de l’équipage expérimentés, etc.)? – Pouvons-nous sincèrement croire les commandants lorsqu’ils nous affirment que c’est la décision prise par les «mécènes» en décembre dernier qui a conduit à ce naufrage? Sera-t-il possible de rétablir un climat de confiance et de sérénité à bord du vaisseau? Sachant que la partie émergée d’un iceberg représente une infime proportion de son volume total, calculez la masse de glace et d’obstacles que nous réservent les prochaines années. La lutte pour la défense du cycle d’orientation et de nos conditions de travail ne fait que commencer.

*Tous les textes publiés dans l’Educateur (articles du dossier, du cahier syndical et du magazine) peuvent être consultés sur le site www.revue-educateur.ch

** Un résumé des différentes (ré)actions se trouve sur le site de l’Aveco.