Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage

Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage

Dernièrement, mon prédécesseur me faisait remarquer qu’aucun président de la SPG de ces dernières années n’avait été épargné par le débat sur la formation des enseignants; il est écrit que je n’échapperai donc pas à la règle! Alors que la formation actuelle récemment adoptée par le Parlement arrive enfin à atteindre une vitesse de croisière confortable, la droite genevoise lance une motion pour la réduire à trois ans.

Après les débats sur la fermeture des études pédagogiques pour une formation à l’Université, ceux qui ont accompagné l’adaptation de la formation aux accords de Bologne, la droite parlementaire propose de réduire la formation des enseignants primaire genevois à trois ans «comme cela se pratique dans d’autres cantons», pour citer l’argument principal des auteurs du texte. Ce même bord politique a pu dire ces dernières années qu’on pourrait mettre à la tête des classes une mère de famille avec un peu de recyclage!

Cette motion réveille également la rivalité éculée entre théorie et pratique: selon les auteurs de ce texte, la théorie est inutile pour les enseignants; la meilleure formation étant l’observation du vieil artisan, le collègue expérimenté, dont les mains sentent la craie. On le sait, rien n’est plus faux; on ne peut être à l’aise dans ce métier sans en comprendre les enjeux pratiques et théoriques. Une solide formation permet aux enseignants de durer dans le métier, parce qu’ils ont les outils pour le maîtriser et la capacité réflexive nécessaire pour rebondir dans des situations complexes. Bref, remettre l’ouvrage sur le métier est lassant.

Les arguments pour une formation longue pour le primaire ont été rabâchés. Faut-il vraiment répéter que le nombre de domaines à enseigner avoisine la quinzaine, nécessitant une maîtrise des contenus et de la didactique pour chacun d’eux? Que les défis confiés à l’école sont toujours plus nombreux et qu’ils touchent des domaines très variés? Que plus les enseignants sont formés, meilleures sont les chances de réussites des élèves? Que la formation telle qu’elle est conçue à Genève sort de l’opposition théorie-pratique, qu’elle est pensée dans une alternance continuelle entre théorie et pratique, un modèle envié au-delà de nos frontières. Tout cela a déjà été énoncé à de réitérées reprises. Remettre l’ouvrage sur le métier, c’est aussi pour le polir sans cesse et le repolir, pour poursuivre la citation de Boileau.

Les arguments anciens prendront donc de nouvelles nuances. Entre autres, il faudra dire que les enseignants sont demandeurs de formations complémentaires parce que le métier reste impossible, que la lutte contre l’échec scolaire est une terrible bataille. Par exemple, de nombreux jeunes collègues ne s’arrêtent pas au certificat exigé à l’engagement, mais vont jusqu’au master au prix d’une année d’études supplémentaires.

Autre exemple, le succès incroyable auprès des enseignants expérimentés du certificat en appui scolaire. Cela montre le fort besoin de formation afin de construire des outils pour l’aide aux élèves en difficulté. Mais quelle mouche a piqué les représentants du peuple pour qu’ils proposent trois ans de formation pour le primaire, alors que le Parlement a opté pour quatre ans il y a moins de dix ans? Les économies, évidemment. Parce que les études ça coûte cher (un scoop?)! Argument de plus en plus détestable, quand il s’agit de la qualité de l’école et donc de la formation des jeunes, avenir de notre société. Ces mêmes députés, qui ont invoqué les résultats soi-disant catastrophiques aux tests Pisa pour augmenter le temps d’école des élèves, demandent aujourd’hui moins de formation pour les enseignants, alors que l’importance de la qualité de la formation des enseignants sur les résultats des élèves est déterminante. Ils arguent que dans les autres cantons, on fait mieux avec moins de temps de formation pour les enseignants. Comme si l’on pouvait reproduire ce qui se fait ailleurs sans tenir compte du contexte local, très particulier à Genève. C’est d’une naïveté effrayante provenant de personnes qui votent les lois qui nous régissent.

D’ailleurs et pour parler de l’ouvrage sur le métier, rappelons à nos élus que l’école n’est pas une dépense mais un investissement.

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