Premier pas vers un remariage?

Premier pas vers un remariage?

C’est sans opposition que l’assemblée générale du 26 avril a chargé le Comité central de concrétiser les démarches menées en 2015 vers un rapprochement avec Formation Berne. À l’initiative de cette dernière, on s’achemine peutêtre vers un prochain «remariage» synonyme de renforcement pour l’action syndicale.

Voici une bonne année, rappelons-le, que Formation Berne (ex-LEBE) a entamé le dialogue avec le SEJB, en prônant un rapprochement des deux syndicats d’enseignants bernois. Le Comité central présentait le résultat de ces négociations préliminaires à l’assemblée générale, laquelle devait décider de la suite. Concrétisation des intentions ou abandon de l’idée? La première solution a obtenu une approbation unanime, avec deux seules abstentions. Peter Gasser, coprésident, présentait l’affaire en rappelant que voici seize ans, trois-cent-cinquante membres francophones ont créé le SEJB, quittant ce faisant une faîtière alémanique dont ils n’étaient pas suffisamment entendus.

Un succès…

En quinze ans, le SEJB s’est imposé, aussi bien dans le paysage de la formation bernoise et romande qu’auprès du public et des médias. Un succès, incontestablement, mais qui ne suffit plus aujourd’hui. Avec ses quelque six-cents membres (dont un bon cinquième de retraités, groupe qui va croissant), le SEJB n’a pas la taille critique qui lui permettrait de s’en sortir financièrement. Or le recrutement peine, l’importance du syndicalisme échappe à nombre de professionnels, d’autres préfèrent adhérer à Formation Berne, dont les cotisations sont nettement inférieures et avec laquelle s’instaure conséquemment une concurrence assez stérile. Ils sont déjà cent-vingt francophones au sein de cette entité bilingue.

Renforcement réciproque

Un rapprochement avec Formation Berne impliquerait une baisse sensible des cotisations, ainsi qu’un renforcement de la profession enseignante francophone et de sa représentation au niveau romand. «Paradoxalement, c’est dans la plus petite région du canton que nous sommes aujourd’hui deux acteurs importants sur le terrain de la formation!» «Notre maxime, Réunir pour réussir, prendrait tout son sens», ajoutait Peter Gasser, en affirmant que les négociations se passent dans un état d’esprit excellent, qui ont permis au SEJB de faire entendre et accepter ses exigences. Ainsi bénéficierait- il d’un statut particulier au sein de Formation Berne, stipulé par contrat spécifique, tout en conservant sa liberté d’action et de parole. Pas question de lui imposer une unité de doctrine ou de remettre en question son rôle de seul interlocuteur bernois reconnu par BEJUNE et le SER, étant entendu que les membres francophones actuels de Formation Berne rejoindraient l’ex-SEJB. Un nouveau nom est effectivement envisagé, la proposition actuelle, SEFB (Syndicat des enseignants francophones bernois) n’emballant visiblement pas trop vraiment l’assemblée. Plus convaincante, la présence à l’assemblée du 26 avril de représentants du partenaire de négociation. L’un d’entre eux, Karim Saïd, a précisé que le comité francophone de Formation Berne a accepté sans opposition (douze approbations, une abstention) la même proposition exactement que celle soumise au SEJB. Et d’affirmer que ce comité, comme sa faîtière, voit dans le rapprochement des avantages pour tous: «Pour notre part, nous y gagnerons une augmentation de membres et surtout une représentation au sein des organismes romands».

Vers un mariage à l’essai

Quoi qu’il en soit des nombreux détails à régler, l’approbation de l’assemblée n’engage qu’à une concrétisation des négociations, en vue d’un nouveau vote: en assemblée extraordinaire ou générale de l’an prochain, le SEJB acceptera ou non de lancer une période probatoire, à durée encore indéterminée, au terme de laquelle sera ou non consommé le mariage. Dans la discussion, il est apparu une certaine méfiance. En particulier de membres ayant vécu l’attitude «inqualifiable » du SEB voici seize ans, qui tiennent à ce que l’identité francophone soit bel et bien reconnue et qu’un contrat garantisse à long terme l’indépendance et la liberté d’action du SEJB. Même si le Comité central y voit une opportunité de renforcer nettement le poids du syndicat, les sceptiques regrettent que l’argent soit le principal moteur de ce rapprochement annoncé. Car le CC ne le cache pas: pour pérenniser le SEJB sans le lier à Formation Berne, il faudrait une bonne centaine de nouveaux membres, et rapidement, ou une sensible augmentation des cotisations, évaluée à 20% au moins… Quant à la suggestion émise en assemblée d’une union plus large, à l’échelle de BEJUNE, Josy Stolz, coprésidente, répondait que des analyses ont d’ores et déjà été menées dans ce sens. «Mais aujourd’hui, avec trois États cantonaux et leurs spécificités, avec un syndicat neuchâtelois aux cotisations nettement inférieures aux nôtres, avec un SEJ fort de plus de mille membres et refusant un rapprochement tant que nous ne représentons pas l’entité de la Berne francophone, aujourd’hui donc, un syndicat recouvrant BEJUNE est tout bonnement impossible. Ce qui ne nous empêche pas de conserver cet objectif en ligne de mire!»

 

 

Josy Stolz

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