La Foire du Valais, source quasi inépuisable d’inspiration en tous genres, m’a apporté une fois n’est pas coutume un éclairage sur un virage pédagogique important. Attention tout de même à la flaque d’huile… 

Il y a quelques mois, j’insistais dans un de mes billets sur le fait que les élèves valaisans n’étaient pas suffisamment formés en informatique et souvent malhabiles dans la pratique quotidienne de la bureautique. En cette semaine de comptoir, une table ronde regroupant des acteurs des mondes privé et public a débattu ou plutôt échangé au sujet du virage et de la place du numérique à l’école. Si cette dernière au sein de l’école ne peut et ne doit plus faire débat tant il est acquis que cet outil nous permet de développer et de diversifier notre enseignement, la courbe du virage ne doit pas être trop importante et surtout, il faudra éviter la peau de banane du tout numérique. Il est important de rappeler que les enseignants, là où les moyens étaient/sont disponibles, n’ont pas attendu les réflexions actuelles pour tisser des liens entre le numérique et les branches dites traditionnelles. 

Les débatteurs d’un jour ont mis en évidence l’importance de développer une véritable culture générale numérique. Cette volonté interroge les enseignants! Comment va-t-on développer une culture générale numérique ou culture numérique des élèves? Et surtout, que veut-on dire par culture numérique? Si on parle ici de développer les connaissances et la capacité des élèves à évoluer avec discernement et lucidité dans le monde numérique, il est dès lors évident qu’un travail important nous attend. En effet, actuellement, cette culture, les fondamentaux en informatique et éventuellement les prémices du raisonnement algorithmique, ne fait pas partie des compétences de la plupart des élèves. Si la nécessité de cet apprentissage est évidente, par contre des questions de mise en œuvre demeurent. Qui va se charger de développer ces savoirs? À quel moment? Jusqu’où allons-nous devoir aller? 

Chaque enseignant au sein de son programme devrait être à même d’apporter une touche ou un éclairage numérique pour sa branche. Cela est louable, mais si nous souhaitons réellement développer une culture numérique, il faudra aller au-delà d’un simple saupoudrage. Des décisions et mesures sont d’ores et déjà prises à ce sujet. Certains enseignants primaires seront formés, des outils seront mis à disposition (robot Thymio de l’EPFL notamment). Les prémices d’une culture numérique devraient voir jour chez la plupart des élèves. Après, que va-t-il se passer au cycle d’orientation? Tout en restant ludique, il faudra compléter et renforcer ces compétences naissantes. Quand va-t-on le faire? Lors de l’unique période d’informatique en 9CO? Pendant les heures de SHS, de français, de sciences? J’ai entendu, à un moment du débat, qu’il était possible de faire encore mieux avec ce qui était déjà à disposition! 

Certes, il est toujours possible de faire mieux, mais si le souhait est de réellement avancer avec son temps, de développer chez tous nos élèves des compétences dans le numérique, ainsi qu’une faculté à raisonner et avoir un esprit critique face aux informations, il faudra mettre les moyens nécessaires et peut-être revoir certaines priorités.