La trouille mauvaise conseillère

La trouille mauvaise conseillère

La peur est un des facteurs d’analyse utilisés par les spécialistes pour estimer la salubrité d’un contexte professionnel. Qu’elle soit consciente ou non, la trouille a un effet paralysant et génère toutes sortes de difficultés somatiques ou psychosomatiques, telles que maladies, stress ou accidents du travail. Et si c’était un des facteurs explicatifs du climat qui règne actuellement au sein de l’enseignement primaire, en lien avec la mise en place du nouveau fonctionnement? 

Lors de la mise en place des directeurs, on a souvent évoqué la figure du «petit chef», emblème de celui qui terrorise ses subordonnés par une attitude inutilement répressive. A des degrés divers, certains collègues font face à ce type d’attitude et craignent cela. Ils ont peur de parler, d’oser s’affirmer ou de s’exposer.  Une inquiétude bien légitime, dans la mesure où les conséquences peuvent durer, parfois sur le long terme. Les sources de ce phénomène de la trouille peuvent être variées. C’est un sentiment entretenu par des actes d’autoritarisme supposés ou réels de la hiérarchie, vécus et subis dans le silence. Ils peuvent générer l’inactivité par peur des représailles: acharnement, mesures de rétorsion. L’inactivité ou le silence devenant à ce moment-là une forme de protection. C’est donc un mouvement à double sens où tous les acteurs ont leur part de responsabilité qui engendre une ambiance dans laquelle il devient bien difficile de se mobiliser pour les apprentissages des élèves. Lors des discussions que la SPG a tenues avec les membres de l’observatoire du nouveau fonctionnement autour de l’enquête de satisfaction du printemps dernier, il est ressorti que, d’une manière générale, l’enseignement primaire fonctionne actuellement dans une dynamique délétère à tous les niveaux de l’institution. Certes, les bouleversements engendrés par la mise en place du nouveau fonctionnement sont majeurs; chacun voit son identité professionnelle modifiée peu ou prou et les équilibres relationnels dans les établissements sont chamboulés. Il va falloir  patienter avant que le système retrouve une certaine stabilité. Il ne faut certes pas peindre le diable sur la muraille outre mesure, tout ne va pas mal partout. Certains établissements ont su trouver ou retrouver un fonctionnement interne satisfaisant. Preuve s’il en est que s’il faut du temps pour restaurer un contexte de travail bousculé, il ne faudrait pas non plus avoir une attitude attentiste. On peut travailler dès maintenant à restaurer l’ambiance parfois négative qui règne dans les établissements. Comment faire? Comment sortir de la peur de l’autre ou de la nouveauté qui amène en partie ce climat? Il n’y a probablement pas de recettes ou de remèdes miracle, mais il paraît urgent de relancer un certain processus de professionnalisation mis à mal par la réforme. Pour cela, il faudrait arriver à sortir d’une logique de la culture du rendre des comptes ou d’une contrôlite aiguë à tous crins. Il faut retrouver la confiance dans le professionnalisme des enseignants et autres acteurs du système en général. Pour ce faire, ceux-ci doivent commencer par se positionner dans le débat en formulant des propositions, en discutant les injonctions et les directives pour en assurer une mise en application intelligente au niveau des établissements. Il s’agit donc d’entrer dans une forme de controverse professionnelle pour dépasser la logique d’imposition hiérarchique et d’obéissance aveugle. Il ne s’agit pas de s’opposer systématiquement à tout (même si l’opposition est parfois utile), mais bien d’affirmer une position nourrie par l’expérience professionnelle et négociée en équipe, avec les directrices et directeurs, sans lesquels ce mouvement ne pourra pas s’amorcer. Voeu pieux? Pas si sûr! C’est un processus qui est engagé dans un certain nombre de situations et d’établissements! Il suffit parfois de se lancer. Ce sera certainement un des thèmes de débat lors des Assises romandes de l’éducation, dont le thème est «Veut-on des pilotes dans les écoles; les directions d’établissement en question». Les inscriptions sont ouvertes à tous, enseignants comme directeurs. Bienvenue à tous!

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