Et si on parlait pédagogie?

Et si on parlait pédagogie?

Dans une interview accordée au café pédagogique*, page internet à lire sans modération**, Meirieu critique un programme du Ministère de l’éducation française: «Les injonctions à prendre des initiatives sont associées à une multitude de contrôles hiérarchiques qui décourageraient les plus hardis des innovateurs!» Quant aux propos pédagogiques, dit-il encore, ils sont «noyés dans un discours managérial insupportable qui écrase tout le reste».

A Genève, les collègues se plaignent souvent qu’on n’aborde pas de sujets pédagogiques dans les séances. Encore faut-il se mettre d’accord sur le type de thèmes relevant du pédagogique ou pas... Vaste débat! Peut-être qu’une des clés du problème se trouve dans la manière dont on aborde des sujets éminemment pédagogiques. Comment discute-t-on du nouveau manuel de français? Comment les équipes décident-elles de la formation continue répondant aux besoins de l’établissement? Comment les collègues peuvent- elles exploiter l’évaluation externe des établissements pour améliorer leurs pratiques collectives? Comment organiser les études surveillées au profit des progrès des élèves? Parle-t ton encore de différenciation dans la classe, un des trois piliers des mesures d’accompagnement?

Tous ces thèmes de travail sont autant de chantiers que les équipes empoignent selon les domaines dans lesquels elles ont des progrès à faire. Ils peuvent être débattus de façon très managériale, organisationnelle et structurelle; ou, au contraire, la discussion peut viser à rendre ces actions et outils directement utiles aux élèves et à leurs apprentissages! On peut les traiter en rappelant le discours institutionnel accompagnant ces pratiques: les trop nombreuses directives montrent bien à quel point ce discours est pointilleux et précis, au point d’étouffer toutes les tentatives d’innovation. Ou on peut s’en saisir en équipe pour en faire de vrais outils au service de la réussite de tous les élèves.

La difficulté est d’intégrer la norme institutionnelle tout en s’en détachant pour pouvoir se déterminer entre enseignant-e-s sur les choix pédagogiques à faire. C’est à ce prix que les options pédagogiques peuvent être discutées efficacement au sein des établissements. La directrice ou le directeur d’établissement reste garant-e du projet pédagogique. Au nom de cette charge de direction, trop souvent, des équipes se font imposer des choix par leur hiérarchie! Choix du thème de la formation continue, des séquences à faire dans Mon Manuel de Français, d’actions à mener dans le cadre du projet, de l’organisation des études surveillées, notamment de type appui, etc.

Or, ce sont les enseignants qui sont le mieux à même de décider des options pédagogiques prometteuses pour les élèves. Ils sont à leur contact quotidien et travaillent d’arrache-pied pour que ceux-ci comprennent, progressent et finalement dépassent leurs difficultés.

A propos de pédagogie, Meirieu dit encore: «Sans un recentrage sur le pédagogique et la mise à disposition des équipes de vrais «budgets pédagogiques», l’institution scolaire va s’abîmer dans des contradictions insurmontables: assigner des êtres, à heure fixe et sur des questions qui ne les intéressent pas, à mobiliser leur liberté d’apprendre! On fera ainsi fonctionner une «machine-école» complètement déconnectée de tout projet éducatif. Et que seule une augmentation des sanctions et exclusions permettra de sauver... en apparence!» Le constat est sévère, mais nécessaire et salutaire! Il faut retrouver une école faite pour que les élèves apprennent, avec des équipes qui mettent en place des environnements riches et stimulants pour les apprentissages.

Pour ce faire, il est indispensable de retrouver le chemin de l’innovation pédagogique et donc de revendiquer des espaces de négociations pour (re)construire ces environnements propices aux apprentissages. Cela ne va pas venir tout seul, il faut oser imposer le professionnalisme des enseignants et reprendre l’initiative de la manière dont les actions pédagogiques se déroulent dans l’établissement. Plus facile à dire qu’à faire! Je n’en disconviens pas, mais c’est le seul moyen de résister à la mise en place d’une «machine-école» à Genève.

 

* Café pédagogique du 5 septembre

** www.cafepedagogique.net

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