Suite de nos rencontres avec les membres du Comité central, aujourd’hui le pilier du SEJB, Alain Jobé, secrétaire syndical à 50%, en sus des quinze leçons hebdomadaires qu’il dispense à Malleray, en français, en allemand et à la tête d’un projet de classe en 11H.

Engagé en août 1998 à l’Ecole secondaire du Bas de la Vallée, après une année d’assistanat à Moutier, Alain Jobé a eu d’emblée le souci de connaître la profession sous toutes ses coutures, de participer à sa défense et à celle de l’école en général. D’où son intérêt pour le poste de secrétaire de ce qui était alors la Société des enseignants du Jura bernois intégrée à la SEB. Depuis 1998, il assume cette fonction avec autant de sérieux que d’engagement. En précisant qu’il préfère de loin les moments de service direct aux membres, lui qui s’efforce de répondre au mieux et le plus vite possible à leurs demandes, aux rapports et autres tâches administratives. Parmi ses meilleurs souvenirs, Alain Jobé se réjouit d’abord de chaque dossier de membre remporté, et en particulier celui qui avait vu le SEJB défendre un enseignant face à un établissement de formation. «Nous avions gagné devant le tribunal administratif et ce jugement avait même fait jurisprudence pour d’autres collègues de cette école.» D’autre part mentionne-t-il avec un sourire la première manifestation du SEJB, au début des années 2000, avec discours et défilé à Bienne puis rassemblement à Berne parmi 10’000 personnes. La force principale du SEJB? Le secrétaire la voit «dans l’engagement des membres du CC et en particulier des co-présidents, mais également dans son caractère à la fois régional et cantonal. Régional, car il est devenu un véritable interlocuteur des médias régionaux, qui l’approchent régulièrement. Et cantonal, par sa représentation dans les groupes de travail de la DIP». La plus grande victoire de ce syndicat jusqu’ici? «Sans doute l’harmonisation des salaires au secondaire I, après la mise en place du 6 /3.» Quant à l’avenir du SEJB, le secrétaire central souhaite une professionnalisation accrue du Comité central, et donc une augmentation du temps à disposition. Mais qui dit temps dit argent, évidemment: «Et voilà mon deuxième souhait: augmenter le nombre de membres, pour à la fois écarter les soucis financiers et être encore plus représentatif des enseignants bernois francophones. » Le choix de l’enseignement, Alain Jobé l’a fait pour le bonheur et la fierté de pouvoir aider les autres. «C’était aussi un défi pour moi, car j’étais encore plus timide qu’aujourd’hui…» Cette profession lui apporte toujours de grandes satisfactions, lorsqu’élèves et parents reconnaissent la valeur de son travail. «Et j’apprécie énormément de rencontrer d’anciens élèves, de pouvoir parler avec des adultes épanouis en me disant que j’ai certainement contribué un peu aussi au développement de ces personnes. » Bien évidemment, tout n’est pas rose à l’école. «Je me souviens des difficultés rencontrées à gérer une classe de garçons, en leçon de gymnastique. Ces élèves cherchaient visiblement les limites. Et lorsque j’ai vu arriver quelques parents, j’ai imaginé qu’ils allaient m’aider. Or ils avaient fait le déplacement pour critiquer mon enseignement… » Lorsqu’il se penche sur l’évolution de l’école bernoise, depuis son entrée dans le métier, Alain Jobé souligne «qu’elle essaie de s’adapter aux demandes de la société, avec par exemple l’école à journée continue, les horaires blocs, l’intégration, mais qu’elle subit aussi de plein fouet l’influence libérale, par son côté administratif et par la nécessité de faire mieux avec moins, notamment. Ceci au détriment de la mission première de l’école, à savoir aider les élèves à grandir, à se préparer à la vie active, à devenir des citoyens responsables.» Les défis et les nouveautés se multiplient, pour les enseignants. «C’est parfois décourageant et même épuisant, lorsque les moyens manquent. Mais c’est surtout très motivant», souligne cet enseignant enthousiaste comme au premier jour.