Impossible d’y échapper. La conseillère d’Etat en a fait son point fort de la rentrée et tous les médias ont embrayé. Assistant à l’intégration ou DIAMS, les projets de l’école inclusive au primaire ont tenu la vedette. Mais en dehors des projecteurs de l’actualité, des zones d’ombre subsistent.

Rendons une certaine justice au département: il a fait l’effort de vulgariser le projet pour le grand public sous la forme d’un film court qui expose l’essentiel (à visionner à partir du site du DIP). Cette animation a un double mérite: d’une part, le message est compréhensible par tout le monde, même les personnes qui ne sont pas dans la profession, parce que les choses sont expliquées sans jargon, au point même que certains l’ont qualifiée de simpliste... D’autre part, le film précise un peu le projet tel que le département le conçoit. On peut discuter le concept, mais il a au moins l’avantage de commencer à exister. Dans ce contexte, les projets de l’école inclusive commencent à être très concrets: assistants à l’intégration scolaire, regroupement de classes spécialisées, avec le développement intéressant du dispositif DIAMs, éducateurs dans les écoles du REP et extension à d’autres écoles, etc. Ces dispositifs sont autant d’aides directes aux enseignants, grâce auxquelles les élèves peuvent vivre une scolarité ordinaire. Reste que beaucoup d’enseignants et d’élèves sont encore en rade, alors qu’ils auraient besoin de ces appuis. Pour trois écoles qui accueilleront cette année une équipe pluridisciplinaire, combien d’enseignants vont devoir continuer à composer difficilement avec des situations d’élèves lourdes à gérer, alors que les forces d’appui aux élèves en difficulté ont diminué parce que le nombre d’élèves de l’école a malheureusement diminué. Dans ces cas-là, seul l’engagement fort des enseignants permet l’inclusion des élèves à besoins spécifiques. Enfin, alors que le département met sur pied une commission consultative transitoire de l’école inclusive, il est étonnant de ne trouver personne de l’Office médico- pédagogique (OMP) dans sa composition; comme si le travail à l’OMP était en dehors ou à côté de l’école inclusive... Au moment où des projets engagent l’enseignement ordinaire et spécialisé, cette absence interroge et questionne une fois de plus les liens, les convergences ou l’articulation entre l’enseignement obligatoire et l’OMP. Peut-on imaginer de nouvelles collaborations, sans voler du temps ou du personnel à l’OMP qui en a besoin pour les élèves sous sa responsabilité? Il faut impérativement que l’ordinaire et le spécialisé se rencontrent pour élaborer de nouvelles manières de travailler. Au final, si l’école inclusive se résume à quelques expériences, on n’aura pas dépassé le stade de la vitrine attirant les médias à la rentrée! Pour aller plus loin, il faudra étendre les expériences positives aux écoles qui en ont besoin (engager de nouveaux postes) et rechercher d’autres synergies pour mieux répondre aux besoins de tous les élèves. Le dossier est donc relancé au niveau du département (création d’une nouvelle commission de l’école inclusive et journée de réflexion) et de la SPG, qui poursuit la réflexion dans le cadre d’une commission interne.