L’Assemblée générale extraordinaire (AGE) du 18 novembre a voté la rétention des notes et le blocage de l’école inclusive. Deux mesures qui ne doivent rien au hasard: la colère des enseignants se reporte sur deux objets emblématiques.

La résolution de l’AGE vise d’abord à refuser les restrictions budgétaires, dans la suite des grèves de minovembre. La résolution définit des moyens de lutte pour dire notre refus de nouvelles restrictions de postes dans la fonction publique. En effet, le Conseil d’Etat propose de faire travailler deux heures de plus les fonctionnaires et de supprimer les postes ainsi économisés. Mais pour la SPG, les postes seront perdus, parce que les heures ajoutées ne remplaceront jamais les forces de travail des quelque 130 collègues motivés qui passeraient à la trappe. Nos actions de lutte se sont concentrées sur deux objets symptomatiques où le ras-le-bol des enseignants est à son comble: l’évaluation et l’école inclusive. En évaluation, les collègues sont étouffés par la fabrication des notes et des moyennes. En cycle élémentaire, la rigidification de l’évaluation, signe tangible du caractère obligatoire des deux premières années d’école, a conduit à des pratiques dommageables pour les élèves, à l’encontre des positions de la SPG promouvant une évaluation encourageant l’élève dans ses progrès en soulignant ses réussites. Quant à l’école inclusive, selon le département, elle concerne tous les élèves, des plus ordinaires aux plus extraordinaires. Et donc, le blocage voté par l’AGE n’aurait aucun sens, puisque selon cette vision, s’opposer à l’école inclusive, c’est refuser l’école tout court! Pour la SPG, il ne s’agit pas de refuser l’école pour tous, mais bien le projet en l’état du département peu lisible pour les enseignants. Les intégrations d’élèves vantées par le département, aussi réjouissantes qu’elles puissent être, ne disent rien sur la problématique des élèves lourds à gérer dans des classes aux effectifs pleins, sans autre aide pour les enseignants que des directives à disposition sur un site! Quand on impose à un collègue l’accueil d’un élève à besoins spécifiques alors qu’il a déjà des difficultés à gérer sa classe ordinaire, il est clair qu’il se décourage ou s’énerve! Lorsqu’une personne est empêchée de faire son travail parce qu’on ne lui en donne ni les moyens ni les conditions, on la plonge dans une injonction paradoxale insupportable. Cela sera exacerbé si les conditions se dégradent: en supprimant des postes, on tue dans l’oeuf le projet même d’école inclusive. Il est donc indispensable que nous continuions à défendre l’augmentation des forces pour l’accueil de tous les élèves. Pour éviter la suppression des postes, il est encore possible de signer le référendum contre la loi «personal stop», qui a pour but de bloquer les engagements à l’Etat durant au moins dix ans. Cela ne paraît pas tenable! Mais si cette loi est entérinée, les prestations seront entamées durablement et les conditions de travail gravement péjorées. Le seul moyen de résister à cette tendance à vouloir toujours moins de fonction publique est la manifestation, la grève et le lancement de référendum contre les lois prônant le «moins d’Etat».