Comme sous une bombe à fragmentation…

Comme sous une bombe à fragmentation…

Plus que jamais, il faut relire le Livre blanc pour un humanisme scolaire1 du SER. D’entrée, il y est rappelé que le premier but de l’école est de former, bien plus que de sélectionner. Présentée comme un lieu d’éducation, offrant très souvent la première opportunité de socialisation du jeune enfant, l’école est donc le berceau de l’organisation citoyenne.

Aussi pertinent soit-il, le plaidoyer du SER peine malheureusement à s’imposer et on entend de plus en plus souvent égrenée la litanie des dysfonctionnements de l’institution.

L’intervention récente d’un journaliste belge relayée par les réseaux sociaux en est une illustration. Il s’exprime en tant que parent et la portée de ses paroles dépasse largement son pays. «C’est une école industrielle, d’un autre âge. Elle crée des enfants en rangs groupés, qui avancent tous à la même vitesse comme quand ils allaient à l’usine, il y a cent ans. (…) Mais le monde a changé, les usines ont fermé. Sauf qu’aujourd’hui, on forme les élèves exactement de la même façon! (…) La race a muté et l’école est restée dans les cavernes. (…) On doit former nos enfants à un monde qui n’existe pas (encore)! Arrêtons de les bassiner avec des matières, apprenons-leur des compétences.»

Qu’apprend-on vraiment à l’école?

D’illustres pédagogues comme Pestalozzi ou Jacotot ont fondé leurs travaux sur la mise en action de l’enfant lui-même. Et pourtant, quand on prétend s’inspirer de leurs préceptes, on a recours à des exercices artificiels, très éloignés de la curiosité des élèves.

Au cycle 3 particulièrement, on dispense un enseignement compartimenté, éclaté, assuré par d’authentiques spécialistes de leur domaine, peu sensibles aux aspirations des enfants. L’effet en est amplifié par le nombre croissant d’enseignants travaillant à temps partiel pour préserver leur santé.

Contraints par les progressions à respecter dans des conditions toujours plus difficiles, les enseignants redoutent tout élément perturbant le déroulement habituel des leçons. Cela finit par stériliser la classe, où il n’y a désormais plus de place pour des séquences improvisées découlant de l’irruption de la vraie vie. Freinet serait effrayé d’observer la prépondérance accordée aux moyens d’enseignement (livres et cahiers). Trop souvent, l’enseignement se limite à leur usage et les autorités en viennent alors à laisser libre cours aux fantasmes: l’intelligence artificielle (l’informatique dans un premier temps) remplacera avantageusement l’enseignant ou permettra de lui confier un effectif plus lourd et plus hétérogène encore.

La liberté pédagogique est dans le coma et le pronostic vital est engagé. Pourtant, l’enseignement – ou l’éducation – n’étant pas une science, il n’y a aucune raison objective d’imposer autoritairement un schéma, une méthode, une pratique plutôt qu’une autre. D’ailleurs, chacun sait qu’un cheminement peut fonctionner et produire des résultats avec un groupe d’élèves et se révéler totalement inefficace avec un autre. L’essentiel tient en effet aux relations humaines, à la personnalité et à la posture de l’enseignant.

Au moment où chaque élève se promène avec une encyclopédie dans la poche, le sacro-saint programme est secondaire. Il s’efface sans aucun doute derrière le développement personnel des enfants, leur intégration et leur faculté à savoir vivre et construire ensemble.

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