Autonomisation ou anarchie?

Autonomisation ou anarchie?

L’école jurassienne vit des moments de réflexion forts qui pourraient avoir des incidences notables sur son organisation. Ces réflexions, partiellement avancées, doivent à notre sens s’appuyer sur un postulat fondamental: il ne peut y avoir autant d’organisations scolaires qu’il y a de cercles scolaires. 

Tous les élèves jurassiens ont droit à une prise en charge et à des prestations similaires, quel que soit leur lieu de scolarisation. Naturellement, les enseignants, en véritables et uniques professionnels de l’enseignement, doivent bénéficier d’une certaine liberté, voire d’une liberté certaine, pour atteindre les objectifs définis par les programmes officiels. Il est fondamental que cette reconnaissance de professionnalisme soit effective et continuellement rappelée par les autorités cantonales à celles et ceux qui pensent avoir des compétences en la matière parce qu’ils ont élevé deux ou trois enfants.

L’autonomisation des directions, sans lien avec ce qui vient d’être dit, doit être pensée globalement, jurassien. Elle doit être en mesure de garantir qu’un changement de cercle scolaire, pour les élèves d’abord, mais aussi pour les enseignants, ne les fasse pas changer de monde fondamentalement. Si l’on ne prend pas garde à cet aspect, nous risquons de glisser vers une forme de privatisation de l’école où les cercles seront en concurrence.

Sans développer, et sans y répondre, on peut même se demander sur ce point s’il ne serait pas judicieux que les équipements scolaires dans les classes soient désormais intégralement pris en charge par le canton afin précisément d’assurer une forme d’égalité dans le domaine. Une révision de la répartition des charges s’imposerait naturellement. Le rapport sur l’expérience du cercle scolaire du Creugenat est important dans ce sens. Pour sauver une classe, en accord avec les autorités locales et les enseignants, des mesures d’économie différentes ont été prises. Des questions fondamentales sur le choix réalisé se posaient et le suivi de l’expérience par un groupe de travail a permis de déterminer quelques éléments sensibles. L’abandon de l’appui ambulatoire, des devoirs accompagnés et des cours facultatifs, ainsi qu’une baisse du nombre de leçons de coenseignement, ont permis de maintenir une classe supplémentaire dans le cercle. Le pari était que la baisse des effectifs dans les (certaines) classes compense cette perte de prestations dans la prise en charge des élèves. Très rapidement, il est apparu que le mécanisme n’était pas aussi simple et que la perte des prestations, au profit essentiellement des élèves en difficulté, risquait de creuser les inégalités.

Ce constat essentiel devra être présent dans les esprits durant la réflexion qui débute réellement. Pour le projet pilote du Creugenat, j’ai eu le plaisir de côtoyer des membres des autorités communales et scolaires locales ayant manifestement le souci de soutenir le directeur et les enseignants pour assurer le meilleur enseignement possible aux élèves du lieu.

Quelques débordements récents dans des commissions d’écoles nous ont amené à demander au Service de l’enseignement (SEN) de rappeler où se situent leurs véritables compétences aux commissions d’écoles, entrées en fonction en 2018, entièrement ou partiellement, après les élections communales. La véritable autorité en matière d’enseignement se trouve aujourd’hui au SEN. Les cercles scolaires doivent bénéficier de l’engagement réel et désintéressé en faveur de l’école de nombre de citoyens, mais ne doivent en aucun cas subir des crises d’autoritarisme de quelques-uns. Une école saine et de qualité se construit par des collaborations, non dans un climat conflictuel. Une année scolaire qui s’annonce intense en réflexions, et que nous vous souhaitons la plus agréable possible. 

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