Au revoir, Gilles

Au revoir, Gilles

C’est une réaction unanime de tristesse et de consternation qui a fait écho au décès subit de Gilles Milliquet, le 2 avril dernier. Bien qu’il ait été plus discret depuis quelques années sur les écrans-radar de la pédagogie et du syndicalisme enseignant, sa légendaire sympathie faisait toujours merveille et restait vive dans les pensées et dans les solides souvenirs professionnels que nos collègues qui ont moins de quinze ans de pratique ne peuvent pas connaitre. Gilles Milliquet, président de la SPG de 1998 à 2002, au tournant du siècle et du millénaire, aura marqué de son passage un chapitre de l’histoire de l’école genevoise. Premier président de notre syndicat à être issu de l’enseignement spécialisé, il avait commencé par faire ses armes dès le début des années 90 en représentant la SPG au comité du Cartel intersyndical présidé par Michel Ducommun. Dans une période de troubles profonds où les difficultés budgétaires et l’obstination du Conseil d’État ont provoqué une multiplication de manifestations et de débrayages, Gilles a su être le porte-parole d’une SPG combative, conduisant des grèves qui ont motivé jusqu’à 80% des collègues du primaire. Rejoignant par la suite le comité SPG, il en a été l’un des fers de lance dans cette période très dense qui a vu tour à tour notre syndicat soutenir la construction de la formation initiale à l’université, le magnifique travail des équipes pédagogiques, la mise en place de la rénovation, sans compter la réorganisation de l’enseignement primaire et de son horaire, avec l’instauration de la semaine de quatre jours. Tenant pleinement sa place dans un comité nombreux et dynamique, riche en fortes personnalités, il n’a cessé de pousser ses collègues à prendre de la distance avec les difficultés, qui ne manquaient pas, et de les ramener à une réalité d’autant plus supportable qu’il la pimentait de ses éternelles plaisanteries et vannes ininterrompues, même dans les plus sérieux aréopages. C’est qu’il fallait être subtil et attentif face à Gilles, pour distinguer le vrai du faux, l’authentique de la provocation, la véracité, même surprenante, de l’énormité soigneusement échafaudée pour ébranler les certitudes et les évidences, et nous tenir en alerte. Les comitards qui ont partagé cet immense chantier des années 90 ont droit à notre gratitude pour l’investissement fourni, mais aussi à nos meilleures pensées pour avoir su le faire avec et malgré Gilles. Ils en gardent d’ailleurs un souvenir marquant, dont l’intensité doit beaucoup à l’existence même de Gilles et à son attachante personnalité. Vice-président de la SPG pendant deux ans, il a succédé ensuite au soussigné en 1998, emportant l’élection avec une belle unanimité tant il était apprécié de toutes Au revoir, Gilles et de tous. Ses quatre ans de présidence ne l’ont pas épargné, dans la tourmente d’un désenchantement profond de notre ordre d’enseignement avec des problèmes de direction, de délitement de la rénovation, de tensions politiques, de difficultés budgétaires et la naissance de l’Arle. Les problèmes rencontrés par les collègues tant au niveau professionnel que personnel se sont multipliés, et là où Gilles a fait merveille, dans son rôle de président, c’est dans l’accompagnement de chacune et de chacun des membres SPG qui se sont adressés à lui. Les témoignages n’ont pas manqué, tant à l’époque que plus tard, et aujourd’hui encore. Comme ne manquent pas non plus les marques de l’amitié qu’il a suscitée chez nombre des collègues des autres cantons. Parmi les occasions de retrouvailles et de contacts que j’ai pu avoir par la suite avec lui, nous était venue une habitude, bien dans l’esprit humoristique et provocateur de Gilles, celle de s’offrir tour à tour dans un beau papier cadeau un même livre de poèmes pourris, dont aucun de nous deux ne voulait se débarrasser autrement. Gilles Milliquet est parti, suscitant une tristesse et un regret unanimes. Prince des plaisanteries et des coups pendables, il nous en a fait un dernier: celui de partir trop tôt. Et le livre des poèmes pourris va rester sur ma bibliothèque.

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