«Vous n’aurez pas ma fleur»

«Vous n’aurez pas ma fleur»

Parvenu au terme de mes quatre mandats, je ne puis m’empêcher de survoler une de mes activités d’écriture, celle que j’ai réservée à l’Educateur sous la forme de billets. Je n’ai aucune volonté de tirer un bilan quelconque – surtout pas. J’ai simplement l’envie de partager quelques réflexions, un peu décousues…

 Mon premier billet, paru le 6 septembre 2002, avait pour titre «On a pressé le citron…». Il faisait allusion aux paroles d’une chanson de François Béranger («Mamadou m’a dit», album Joue pas avec mes nerfs , 1979). Il y était question de pénurie d’enseignants et de perte d’identité professionnelle (dans mon billet, pas dans la chanson). Je faisais le parallèle avec ce que vivaient les infirmiers. Les solutions préventives se résumaient par l’augmentation du nombre d’étudiants, la promotion des formations initiale et post-grades, et par la valorisation de la profession.

 Huit ans plus tard, Genève semble épargnée. La filière de la licence mention enseignement (LME) ne désemplit pas. Et tous les candidats munis des titres requis ne peuvent être engagés dans l’enseignement primaire. Cette situation de pléthore, réjouissante, n’est pas sans rapport avec le haut niveau de formation, maintenu depuis onze ans, et la revalorisation salariale, obtenue en 2007. La pénurie reste toutefois d’actualité en Suisse. Le secondaire I est concerné et, pour pallier le manque à venir, les enseignants primaires pourraient être sollicités, moyennant une formation spécifique. A l’heure des projets visant à renforcer la cohérence de la scolarité obligatoire, cette mobilité n’est pas dénuée d’un certain sens. La faîtière alémanique des enseignants (LCH) relève toutefois la nécessité de rendre le métier plus attrayant: «Les salaires ne sont plus concurrentiels (…) les enseignants suisses sont ceux qui ont le moins de temps pour préparer et coordonner sérieusement leur enseignement. Ils donnent en moyenne entre 28 et 32 leçons par semaine contre un standard européen de 20 à 24 heures.» Nous verrons si notre canton saura continuer à résister et à anticiper pour éviter les écueils de la pénurie. Pour le présent billet, j’ai choisi, sans vrai rapport  avec les lignes que j’écris, d’emprunter le titre d’une chanson de Béranger («Vous n’aurez pas ma fleur», album Participe présent , 1978). Son texte est punaisé sur le mur en face de mon bureau et, malgré la montagne de paperasserie qui envahit les locaux de la SPG, mes yeux s’arrêtent souvent sur les paroles de cette belle chanson. Béranger m’aura accompagné durant mes années de présidence de cette manière. Cela me permet aussi de fermer la boucle. J’ai lu dans Le Matin Dimanche  du 16 mai 2010 la dernière chronique de Claude Monnier. Ses aveux faits au lecteur avant le point final m’ont amusé. Bien sûr, il n’y pas de comparaison possible, mais le fait de parfois débuter un texte sans trop savoir de quoi parler, trouver quand même un sujet en cours d’écriture et terminer pour finir sur un autre a évoqué des souvenirs.

Le voile et les chiens  

Il est vrai en tout cas que s’il n’y avait pas l’impératif délai rédactionnel, de nombreux écrits ne verraient jamais le jour. Cet exercice contraint, auquel je me suis volontiers plié, sans manquer un seul rendez-vous, est somme toute assez salutaire. Mais le soulagement ressenti chaque fois que le billet est envoyé à la revue et le plaisir d’avoir rédigé un texte qui se tient sont vite oubliés. Devoir rendre sa copie trois semaines avant parution reste problématique par rapport aux sujets d’actualité. Le doute revient aussi régulièrement. Qui me lit en fin de compte? Je me souviens de deux billets qui ont suscité des réactions: «Ne pas se voiler la face!» (20e billet, 30 janvier 2004), sur le port du voile dans les écoles, et «Demain les chiens» (47e billet, 17 février 2006), titre emprunté à Clifford D. Simak, qui amenait un regard acerbe sur notre rapport aux animaux de compagnie. Pour le premier, j’ai récolté des félicitations; pour le deuxième, des critiques et une démission: «Moi, Monsieur, je lis de l’amour dans les yeux de mon chien.» La culture commune des enseignants laisse peut-être un peu à désirer. J’ai essayé d’être drôle parfois, d’avoir des considérations autant pédagogiques que syndicales, sociétales ou politiques. En cent quatre billets, je ne pense pas avoir épuisé mes sujets de réflexion sur l’école. Mais j’espère quand même avoir fait un tour cohérent… et vous avoir distrait une fois ou l’autre, à l’occasion.

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